Et si cette voiture déboulait brutalement ? Et si un piéton, le nez rivé sur son portable, se jetait sous mes roues ? Et si le bus changeait de voie ? Et si le vélo freinait devant moi ? Et si sur le périph, cette berline brusquement déboitait ? Et si je loupais mon virage ? Et si je faisais un énorme « high side » là sur ce circuit ? Et si je me faisais déconcentrer par ce bel homme, là, qui traverse ?
Et si je me prenais une voiture latéralement, déchiquetant mes jambes? Et si je tombais et me faisais rouler dessus par le flot de véhicules ? Et si je tombais la tête en avant, pulvérisant ma mâchoire non protégée ? Et si je me faisais arracher un bras par une voiture freinant trop tard? Et si ma colonne vertébrale se broyait face à une camionnette ? Et si je finissais dans le ravin, dévorée par les rochers ?
Et si je devenais handicapée, mutilée, défigurée ? Et si je mourrais ?
A quoi ressemblerait mon enterrement ? Comment réagiraient mes parents, mon amoureux, mes amis ?
Vous arrive-t-il de voir ce genre de scénarii sombres traverser votre esprit ?
Moi très souvent je l’avoue. Est-ce cela qui me maintient en vie et m’oblige à être prudente ? Certainement. Paris est une ville infernale. Une jungle d’animaux furieux qui effraie autant qu’elle happe. Quant à la campagne, la montagne, le circuit, ils sont autant de cadres parfaits pour les films – plus joyeux – dans ma tête 😉
A moto dans Paris, les yeux roulent partout, la respiration est haletante, le coeur se serre. On garde son objectif en vue et on reste concentré. Pourvu que j’arrive à 9h au bureau, sacré nom du pipe, je suis attendue pour dîner à l’autre bout de la capitale, oh mon dieu, je ne serai jamais à temps pour le début de la séance, mais pourquoi donc suis-je bloquée sur ce boulevard ?
Ralentir. Respirer. Relativiser. Imaginer le pire. Anticiper. Regarder. Sourire. Se balader. Rêver.
Il paraît que le pouvoir des pensées positives est fulgurant. Celui des pensées noires l’est sûrement tout autant. Et ces dernières ont la fâcheuse tendance à s’inviter sous notre casque préféré. Chassez-les, et chouchoutez celles qui vous font marrer 🙂
On est vivant, et on compte le rester, n’est-ce pas ?
J’ai constamment ça en tête. Ca me pousse à faire preuve d’une extrême concentration, ce qui m’empêche de penser a d’autres choses moins cool. C’est un stess positif, qui stimule l’instinct de survie, et ça me détend. Suis-je bizarre ?
En revanche quand je roule avec ma moitié, parfois ce stess a tendance à me paralyser. Vu qu’il n’y a rien de pire qu’un motard apeuré, je roule comme un papy le temps de souffler, et ça repart.
Tu n’es pas bizarre cher Motarologue ! Nous sommes beaucoup à penser comme toi je pense… J’aime bien le côté « rouler comme un papy le temps de souffler »! Tu n’es visiblement pas sans savoir que la respiration est le meilleur moyen anti-stress, on enseigne cela au yoga, et ça marche !!!
Euuuhh… Je passe pour un inconscient si je dis tout haut que je n’ai jamais ce genre de pensée sombre?…
Pour moi la moto n’est que plaisir et ma devise étant « live fast, die last! » je suis assez serein finalement… c’est peut-être l’effet des good vibes de ma Harley !! 😉
La survie est de toutes les façons inhérente au fait d’être motard et c’est sans doute la raison pour laquelle les pensées sombres que tu décris se sont peut-être transformées en énergie positive et réflexes affutés pour faire de la route sur 2 roues cette expérience de plaisir absolu !
Et puis, si je sors de cet état d’esprit positif, ma « Skull ring » me rappelle que je suis vivant !! 😉
Ride safe…
En même temps tu es un motard du dimanche mon cher Stéphane 😉
Quand tu sors la moto tous les jours et que tu arpentes notre si agréable capitale, tu es sans cesse confronté à des situations extrêmes !
Après, il est vrai que j’ai particulièrement une imagination débordante …
Moi c’est quand je ne maîtrise pas que je me fais des films, le pire étant en avion, alors les questions s’enchaînent…et si les moteurs coupaient nets? et si l’aile s’arrache? et si l’on percute un autre zing….bref dans tous les cas on n’en sort pas indemme….puis l’atterissage comme une délivrance….Il y a tellement de paramètre que l’on ne maîtrise pas dans la vie….la maladie, le comportement des autres……enjoy chaque instant.
Oui carrément, « Jack », tu as raison sur tout ! Profiter de chaque minute qui passe, au guidon de son engin, avec ses proches, ses amis… et ne pas se soucier des aléas…
Voilà voilà, maintenant j’ai peur de commencer 😀 !
Oh non Céline ne dis pas ça ! J’ai juste mis sur papier ce qui me trotte par la tête quand je roule à Paris. Cette ville est dingue ! Après si tu prends la moto en dehors de ce terrain propice aux dangers, alors le bonheur de sentir le vent et le caractère de ta moto est instantané ! Passe ton permis, tu auras la révélation de ta vie 🙂
Ben moi j’pense qu’a ça.
Les maîtres mots :
– Trajectoire
– Échappatoire
J’essaie (oui oui jessaie) de toujours voir l’issue. Ne pas freiner. Passer, me faufiler, éviter.
Et ça marche.
Quand je le fais pas, c’est la que je me fais peur.
Bon, j’dis ça, hein, j’dis rien…
Je confirme, et quand ça arrive, c’est l’horreur et l’injustice du broyé. quand tu te réveille avec une jambe droite et qu’on t’annonce : vous avez eu de la chance,
tu prend conscience qu’on a toujours de la chance tant qu’on reste en vie. parce que pendant une fraction de seconde, tu n’y crois plus trop.
Il me reste 1 ans et 4 mois a battre, je me suis fait shooté pour une priorité a droite, le mec voulait surement evité le bouchon un peu plus loin.
et je m’en tire avec une cheville en miette, une fracture ouverte du tibia et du peroné, une fracture de la rotule, et j’en passe, la liste est longue.
ca va tres vite et c’est jamais quand on s’y attend qu’on ai des pensés positive ou pas (j’etais tout content, je prenais mon temps pour retrouver mon pote karl.)
Être motard à Paris, j’imagine que c’est le stress absolu. Moi qui ne roule qu’à la campagne et qui ne rencontre que 2 tendus et 3 pelés sur mon chemin, je crois que si je devais faire de la moto à Paris, ma concentration aurait une telle ampleur que ça m’épuiserait à la vitesse grand V. Je vous admire, motards parisiens!
Une chose que l’on m’as dit pour rouler dans Paris: regarder à droite, à gauche, devant, derrière, dessous ? Non. C’est pour cela que je prends uniquement que le périphérique et encore là, gaffe aux nerveux qui viennent te lecher la roue arrière ( vécu et tombé et engueulade avec le stricker!!) Depuis, je roule toujours avec une caméra et je m’aperçois que moi aussi je fais des conneries sur la route.
Hervé
Je pense qu’il est plutôt salutaire de se poser de telles questions. C’est justement en ayant conscience des dangers qu’on parvient à les éviter. Pour rouler longtemps, il faut rouler parano, et être convaincu que personne ne respectera rien.
Rouler à la campagne n’est pas moins risqué à mon avis. C’est justement parce que l’on se sent plus serein que l’on peut être moins attentif…
En revanche je ne poursuis pas le raisonnement jusqu’à envisager mes soins ou mon enterrement (Là on quitte la parano pour flirter avec le masochisme, lol). De toute façon une fois la lumière éteinte, me concernant hop : à la déchetterie ! Pas question pour mes proches d’investir là dedans. Ce sont les vivants qui ont besoin des sous, pas les morts ^^. Mon souvenir leur suffira.
Bonjour,
Et si? Et ben pour ma part j’y pense assez régulièrement.
Je suis kiné et des motards blessés j’en rééduque beaucoup plus (trop!) que ce que j’aurais pu penser…
Parfois très grave, parfois moins.
Ça ne m’a pas enlevé l’envie de rider mais je fais beaucoup plus attention et surtout je ne rigole plus du tout avec l’équipement!
Si la dorsale peut t’éviter de devenir tétraplégique où les bottes de finir amputé d’un pied, il faut les porter!
Bonjour Charlotte, merci pour ton message. Tu as raison, la prise de conscience doit être permanente. Et on n’est pas invincibles… Prudence et équipement devraient être notre lot quotidien. J’opte quant à moi essentiellement pour la prudence à Paris, car je ne veux pas ressembler à Robocop… 😉 Où oeuvres-tu ? A Paris ? C’est toujours bon d’avoir un bon kiné – qui plus est une femme et à moto ! – dans ses contacts !
A bientôt Charlotte !