Kawasaki Z900RS
Bénie des fées
Si on m’avait dit qu’une présentation presse moto pouvait débuter par une visite de la Sagrada Familia, j’aurais sans doute gratifié mon interlocuteur d’un regard incrédule.
C’est pourtant ainsi qu’a officiellement commencé à Barcelone le lancement européen de la Z900RS.
#petitepression
Savoir que vous allez côtoyer les meilleurs journalistes moto pendant trois jours et qu’un article devra être rendu dans la foulée au non moins éminent magazine qui vous envoie, ça peut impressionner… ça tombe bien, j’aime les challenges !
Je tiens à ce propos à démystifier tout de suite deux idées reçues sur le monde de la presse motocycliste : non, les journalistes moto ne parlent pas QUE de moto et non, une présentation presse n’est pas une fiesta géante. Croyez-moi, ça bosse fort.
Revenons aux portes de l’œuvre incroyable de Gaudi : il faut croire que notre petit groupe méritait de s’élever spirituellement en préambule de cette découverte mécanique, tant la Z900RS semble être née sous les meilleurs auspices. Les fées les plus douées se sont en effet toutes penchées sur le berceau de ce bijou « modern classic », pour reprendre les termes de l’équipe de style japonaise. A commencer par la Fée Design.
#féedesign
Début 2016, tristesse dans le milieu néo-rétro : Kawasaki annonce l’arrêt de la W et sort une Final Édition, point d’orgue d’une longue lignée de modèles emblématiques. Difficile d’imaginer une marque comme Kawa sans son modèle classique… pendant plusieurs mois les spéculations les plus folles circulent sur le web, tentant d’imaginer quel modèle pourrait reprendre le flambeau.
Fin 2017, le voile est levé : c’est la Z1 des années 70 qui aura finalement servi de base pour élaborer la Z900RS. Une ligne similaire, des détails copiés-collés comme les deux compteurs à aiguille, le phare rond, la « duck tail » typique, vue notamment sur le Zephyr des années 90. Pour le logo du modèle, les designers ont même poussé la perfection jusqu’à aller dénicher la texture en croisillons réfléchissante de l’époque.
Au jeu des sept erreurs, notons également le travail d’ornementation du moteur évoquant le refroidissement à air de l’époque : fausses ailettes de rigueur pour un effet trompe l’œil plutôt probant. Autre particularité qui pourrait contrarier les puristes mais s’explique par un souci d’optimisation du poids : les collecteurs 4-en-1, savant assemblage de tuyaux en inox chromé.
L’équipe japonaise insiste : la Z900RS n’est pas une copie de la Z1, c’est un hommage bel et bien contemporain et bénéficiant de toutes les avancées mécaniques et technologiques réalisées par le constructeur depuis cinquante ans.
#féesonorité
Il est 17h un samedi soir sur la terre, une trentaine de motos flambant neuves minutieusement alignées devant l’hôtel nous attendent, impatientes d’en découdre avec les journalistes. La peinture orange et marron de notre modèle d’essai, profonde et légèrement pailletée, scintille sous le soleil couchant. Mise à feu des engins : son rauque, profond, enveloppant. La fée Sonorité s’est elle aussi souciée de sa dernière-née. Martin Lambert, réjouissant manager des relations presse pour l’Europe, s’enthousiasme « That sound !!! », soulignant le travail accompli par les ingénieurs sur la musicalité du moteur.
Enfin le moment d’enfourcher nos montures, direction l’Ace Cafe de Barcelone via la magnifique route de la côte. Bertrand m’a gentiment briefée au téléphone quelques jours avant « Bon, tu verras, les présentations presse, c’est toujours à celui qui ira le plus vite, pas de stress, surtout roule à ton rythme et fais toi plaisir ». J’ai de la chance, ce premier trajet est une route sinueuse bordée à ma droite par la grande bleue et verrouillée à ma gauche par une somptueuse ligne blanche. Les voitures elles-mêmes ne dépassent pas les 60 km/h, je me positionne en dernier pour ne gêner personne et parviens à ne pas me laisser trop distancer.
J’en profite pour remarquer pendant la petite heure de route que la fée Confort a elle aussi effectué un excellent travail. Selle haute, accueillante et confortable, guidon large, réservoir bombé et généreux sur lequel viennent naturellement se caler les genoux : je retrouve immédiatement les repères qui m’ont fait, dès le début de ma vie de motarde, adhérer aux modèles classiques de Kawasaki.
Arrivée à l’Ace Cafe, privatisé pour l’événement. Nous y sommes accueillis en fanfare par le groupe Santero y los Muchachos, qui n’est rien de moins que l’auteur de la bande originale de la vidéo officielle.
Vient l’heure d’écouter studieusement Martin Lambert qui mène la conférence de presse avec la verve et l’humour dont nos amis britanniques ont le secret. Ouf. Je craignais l’assénement de données constructeur fastidieuses, je me retrouve à rire de bon cœur devant les traits d’esprit de ce désopilant orateur.
Le dîner qui suit me permet de noter que les journalistes moto sont décidément plein de surprises. Attention scoop : nos héros du web et de la presse écrite boivent de la tisane après le dîner. Si si.
#féeperformance
Après une bonne nuit de sommeil, il est temps de tester enfin le savoir-faire de la fée Performance. Celle-ci a largement puisé dans les prouesses de la moderne Z900 : cadre treillis léger identique, fourche inversée, ABS, contrôle de traction, freinage ultra efficace, on se sent immédiatement en sécurité au guidon de la RS. J’ai à peine le temps d’apprivoiser les cadrans et divers réglages disponibles, vite vite, il faut y aller, nous avons une heure et demie pour nous rendre sur les lieux du shooting photo, une magnifique portion de route montagneuse parée des chaudes couleurs d’automne qui iront à ravir avec la robe de la Z900RS.
En grande optimiste que je suis, je n’ai prévu qu’un blouson mi-saison et des gants d’été, hélas, il fait 4° en ce dimanche matin catalan et me voici rapidement frigorifiée, pour ne pas dire tétanisée, profitant à peine des routes sublimes savamment sélectionnées par l’équipe Kawasaki. Mes acolytes m’ont bien mise au parfum, nous avons de la chance, Kawa est l’une des rares marques à prévoir autant de roulage lors de ses lancements presse.
Heureusement ma monture assure, m’emmenant sagement et énergiquement là où mes yeux se posent, enroulant les virages de façon feutrée et musclée à la fois.
Je ne retrouverai ma température corporelle normale qu’après moults boissons chaudes et gesticulations de gymnaste islandais et savourerai enfin, le reste du séjour durant, l’accord parfait entre mon destrier et l’itinéraire sinueux astucieusement programmé.
#féeauthenticité
Last but not least, un petit coup de baguette magique de la Fée Authenticité : la Z900RS est entièrement fabriquée au Japon, argument qui, s’il fait malheureusement sans doute un peu grimper l’addition, achèvera de convaincre les aficionados de la marque – et les autres ! Vous l’aurez compris, je me suis donc régalée pendant trois jours au guidon de cette beauté, surtout que dans le monde merveilleux des présentations presse, votre moto est toujours rutilante et le réservoir en permanence rempli.
Avec la Z900RS, Kawasaki se targue de vouloir concurrencer la NineT et j’ai plaisir à croire que les performances de cette moto, alliées à son look et son héritage historique lui feront remporter le pari japonais haut la main. En ce qui me concerne, jamais deux sans trois : après un Zeph et une W, je m’en vais de ce pas commencer à économiser pour acheter mon prochain jouet !
Cet article est la version longue de l’essai paru dans le magazine Cafe Racer n°91 de janvier-février 2018.
Crédit photos : Kawasaki et Cam Kiss’n Vroom
Hommage à la Z1
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