La Benzina  2018

La Benzina
2018

Si je vous dis qu’il faut sept heures pour rallier Lyon à Vallon-Pont-d’Arc en Ardèche, vous me croyez ?
Tout était pourtant très bien planifié en ce vendredi de fin septembre aux allures d’école buissonnière. Parties de Paris par le TGV de 10h, nous devions arriver à Lyon à midi, récupérer une Svartpilen et une Vitpilen gracieusement prêtées par Husqvarna France et nous rendre à La Benzina, summer camp organisé en Ardèche par Sylvie Pregevole et Pierre Bonnet.
Sur le papier, arrivée prévue au glamping (comprendre « glamour camping ») de Vagnas vers 17h. Simple comme un trajet Google Maps, n’est-ce pas ?

Résultat des courses, nous avons franchi la barrière du site Huttopia à 22h…!

Jobs prenants et vies bien (trop ?) remplies obligent, nous n’avions en effet pas tellement pris le temps d’anticiper la route. Avec deux téléphones chacune (pro et perso, vive la vie de business women) donc potentiellement quatre GPS, rien à craindre de toute façon, mais une chose était actée : pas d’autoroute !
C’est tout à fait confiantes que nous avons décollé à 15h de Saint Priest par la N7, prêtes à en découdre avec les départementales de Haute Loire et d’Ardèche.

Au début, tout s’est très bien passé. Il faisait anormalement chaud et beau en ce vendredi 26 septembre, cet après-midi avait un doux parfum de vacances et de liberté volée au quotidien. La route était facile à suivre, malgré nos deux chargements imposants. Chacune son style : savamment arrimé à la selle pour Claire, harnaché sur le dos pour Camille. Puis nous avons bifurqué vers la Haute Loire, aimantées par l’appellation « Parc Naturel Régional du Pilat » et c’est là que les choses ont commencé à déraper. Pas évident de mémoriser le trajet du GPS avant de remettre le téléphone dans la poche, puis de ne pas se tromper de direction à chaque intersection dévoilant des routes plus tentantes les unes que les autres. Curieuse sensation que celle de ne pas avancer d’un iota sur l’itinéraire et de constater que la durée de trajet restante ne diminue pas malgré les quarts d’heure qui s’égrènent. Après une jolie boucle dans les sapins aussi inefficace question avancement que réjouissante pour les yeux et les roues, nous avons tout de même réussi à faire une bonne soixantaine de kilomètres et à rallier Le Cheylard (19h05, début de l’apéro de La Benzina).

D’après ce cher Google Maps, il nous restait deux heures de route. La théorie toujours.
A ce moment précis, trois des quatre téléphone ont rendu l’âme. C’est que ça consomme le GPS, quand on est perdu au milieu de rien. Cela faisait bien deux bonnes heures que nous n’avions croisé âme qui vive et automne oblige, la nuit commençait à gagner du terrain. Claire et moi, qui sommes en règle générale adeptes des bonnes vieilles Michelin, nous sommes regardées, penaudes. « Ah nous aurions dû acheter une carte, ah nous aurions dû écrire le trajet sur le réservoir, ah nous aurions dû.. ». Trop tard. Moment de solitude (à deux heureusement !) à la perspective de passer le reste du trajet à rouler de nuit, voire dormir à la belle étoile, sans peut-être plus aucune aide technologique, la batterie du téléphone encore valide et les jauges de nos réservoirs diminuant à vue d’œil…

Décidément, c’est un fait : les mésaventures de voyage fabriquent les plus beaux souvenirs. Les départementales gravillonneuses sur lesquelles nous nous sommes ensuite élancées entre chien et loup resteront l’une de mes plus belle carte postale de roadtrip.. perdues sur les crêtes de la D578, aucune lumière à l’horizon, des plateaux rocheux déserts à perte de vue, l’air doux et parfumé sur nos visages, nous avons admiré le coucher de soleil, reflets brumeux de barbe à papa accrochés aux cimes, puis avons continué à rouler en silence dans le noir, captant au passage les chants des grillons et autres insectes nocturnes, une sorte de recueillement concentré et quelque peu inquiet nous gagnant au fur et à mesure des kilomètres.

Je n’avais jamais eu l’occasion de rouler de nuit. Vraiment de nuit. Et vraiment longtemps. Encore une heure à tenir sans aucun lampadaire en ligne de mire ni la moindre lueur lunaire pour vaguement laisser entrevoir la route. Vous avez remarqué comme tout voyage revêt des sortilèges supplémentaires lorsqu’il se fait à la nuit tombée ? Le regard sur la ligne blanche hypnotique, les virages surgissant les uns après les autres de l’ombre, imprévisibles, les masses plus foncées alentours laissant deviner des paysages à couper le souffle.. la tête vide et paradoxalement reposée, sereine malgré la tension du corps et la fatigue des (déjà) six heures de route. Vite vite, arriver ! Et à la fois suspendre ce moment de grâce, en communion avec la nature environnante invisible et pourtant si palpable.

Quel soulagement d’apercevoir enfin la banderole La Benzina à 22h. Accueillies par Sylvie, Pierre, toute l’équipe et les participantes, nous avons immédiatement été immergées dans l’esprit du week-end : détente, bonne humeur et partage. Affamées, nous nous sommes jetées sur le délicieux dîner tandis que Sylvie orchestrait le tirage au sort inaugural de La Benzina, rendu incroyable par les partenaires. Au programme dans la pochette surprise : un sac Eastpak, un pin’s Eudoxie et un sac à casque Chic Factory by C. spécialement créés pour l’occasion, une casquette Deus Ex Machina, deux paires de chaussettes Stance et last but not least, un casque DMD !

Après une bonne nuit bien méritée dans les confortables cabanes en bois dissimulées parmi les arbres, c’est parée de tous ces cadeaux que notre joyeuse bande s’est égrenée sous un soleil radieux derrière Pierre le samedi matin, faisant s’envoler les feuilles rousses et les bogues des châtaignes. Une flamboyante Ardèche nous attendait, vidée de ses touristes et vêtue de ses plus belles couleurs automnales. Merveille des gorges, splendeur des panoramas, régal des villages traversés, nous avons eu la région pour nous, à croire que La Benzina avait privatisé les routes !

Quels souvenirs garder de ces deux jours de parenthèse enchantée ? Sans aucune hésitation et pour commencer, les rencontres avec les filles géniales qui faisaient partie de l’aventure. Le plaisir de rouler ensemble, d’échanger des bribes de vie, de danser comme des folles le samedi soir.. l’esprit de communion et de bienveillance qui nous a animées tout le week-end.
La route bien sûr. Déserte, comme je l’ai dit plus haut, lisse, noire pailletée et envoûtante. Et les paysages, indomptables, sublimes.
Les nuits en pleine nature et à l’abri sous la toile de notre hutte, envahie par les bruits apaisants de la forêt.
Le cours de yoga improvisé par Claire et Aurélie au bord de la piscine au crépuscule.
Le spa en pleine forêt et le bain nocturne sous les arbres.
Le déjeuner à se damner à l’Auberge de Banne.
Tenir alternativement les guidons de la Svartpilen et de la Vitpilen, aussi chouettes et joueuses l’une que l’autre, légères, maniables et racées.
Et tant d’autres qui m’échappent ici mais ne manqueront pas de resurgir au détour de nos mémoires et de nous faire sourire lors des longues soirées d’hiver.. en attendant la prochaine édition. Hâte de connaître la destination 2019 de La Benzina !

Merci mille fois à Husqvarna France pour le prêt de la Svartpilen et de la Vitpilen ! 

Perdues en Haute-Loire

L’esprit Benzina !

Et en bonus, les magnifiques photos de Sacha & Chrystelle…

…et les sublimes clichés de Marie !