Kiss'n Tears

Kiss’n Tears

C’est le coeur lourd que je choisis d’écrire ce billet d’humeur. Scotchée à la télévision, happée par le fil Facebook, ou étourdie par les journaux d’information, je ressens de la colère assortie d’une profonde détresse. Les images et videos mitraillées aussi vite que les tirs de kalachnikov sont extrêmement choquantes.

On se sent si petit et démuni face à ce genre d’événements imprévisibles et meurtriers.

Samedi, Paris était déserte. Guillaume et moi arpentant le rond-point de l’Etoile à 9h du matin, étions quasiment les seuls. L’effroi et le malheur étaient palpables. Dimanche, les terrasses ensoleillées n’attiraient pas les foules.

Lundi, arrivée au bureau, on dit bonjour à ses collègues avec le sourire mais on sent la tristesse nous envahir. La minute de silence à midi est la bienvenue, car on est clairement en deuil. Et en même temps, cette courte minute, on la trouve tellement dérisoire et ridicule par rapport à tout ce chaos.

Les débats animent les conversations : est-ce le début ? Quand allons-nous être encore touchés ? Faut-il fuir Paris pour se sentir plus en sécurité ? Où aller ? En Province, à l’étranger ? Pourquoi les mots « Daech », « Islam » nous brûlent-ils les lèvres ? Que pensent les musulmans de tout cela ? Que faire ?

Inlassablement, on « checke » encore les actu, les réseaux sociaux, allume la télé / radio et écoute les experts (toujours plus experts que leurs voisins) nous asséner leur flot d’analyses et de commentaires.

Dehors, toute la journée, les sirènes retentissent. Les entendez-vous ?

On peine à s’en remettre. Mais on est debout. La vie continue, les clients appellent, on programme des rendez-vous, des dîners, on va au sport le soir car on a besoin d’évacuer.

Et puis je prends ma moto chaque jour, m’émerveille devant une tour Eiffel habillée en Marianne, profite de la douceur du temps qui nous ravit depuis quelque temps. Tous les soirs je me blottis dans des bras rassurants, et je pense souvent à tous ceux que j’aime, en prenant conscience de la chance que j’ai. C’est un peu bateau de demander cela, mais l’amour n’est-elle pas la seule solution pour se sortir de cette torpeur ?

Rappelez-vous, déjà en janvier dernier, au retour d’Inde, l’esprit n’était guère à la fête