Ma W et moi

Ma W et moi

Ma W et moi, ça a commencé comme un coup de foudre.

La première fois que nous nous sommes vues, ou plutôt devrais-je dire, reconnues, c’était au Salon de la Moto l’hiver dernier. Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était elle. Je n’avais fait que m’asseoir sur sa selle – si confortable, et pourtant…

Quand je suis allée l’essayer à la concession derrière la maison quelques mois plus tard, l’évidence s’est imposée. Il faut préciser qu’étant passionnée par le Japon, j’étais déjà totalement acquise à la marque.
Au-delà de cette attirance spontanée, la W s’est révélée idéale. Si douce à manier, si légère et si élégante. Et rare. Beaucoup moins répandue que sa lointaine cousine anglaise… et d’autant plus désirable que vouée à disparaître. En effet, la pauvre ne passera pas les normes Euro 4 et Kawasaki a lancé cette année la dernière série hommage, la « Finale Edition ».

Quel dommage ! Irréprochable en ville, comme sur les petites ou grandes routes, la W est souple, supporte très bien le sous régime, vibre peu à grande vitesse, la position de conduite est ultra confortable, en un mot, cette moto est parfaite pour la balade. Et pour l’avoir testée sur circuit, je peux vous dire qu’elle relève aussi très bien le défi !

L’amour a beau rendre aveugle, j’ai néanmoins relevé très objectivement deux bémols sur cette moto si attachante : pas de « coup de pied au cul » à l’accélération et allonge un peu courte à mon goût. Sans doute de vieux restes de ma conduite sur le Zephyr…
Dernière remarque : le bruit du moteur. J’ai beau avoir le sens de la discrétion, la W était tout de même bien trop silencieuse. J’ai donc fait enlever les chicanes (opération irréversible sur cette machine) en croisant les doigts pour rester malgré tout en dessous des mesures imposées. Aucun regret ! Le bruit rauque au démarrage et la délicate pétarade qui accompagne à présent les décélérations correspondent bien mieux au caractère de la belle.

Elle est géniale, je vous dis ! Bon, d’accord, j’avoue. Il faudrait que je fasse quelques améliorations « physiques » : changer le bloc arrière trop massif (qui occasionne parfois la fissure du garde-boue, d’après mon concessionnaire favori), poser une plaque d’immatriculation noire, chiner des petites pièces de finition que je serai la seule à voir… mais l’amour, n’est-ce pas finalement accepter l’autre tel qu’il est, sans chercher à le changer ?

Selon Frédéric Beigbeder, l’amour dure trois ans. Cela fait déjà plus de six mois que notre histoire s’écrit sans nuages, rendez-vous en mars 2019 pour voir si elle aura tenu ou si Fred aura eu le dernier mot.

Cet article est paru dans le Génération Moto #106.

Crédit photo : Guillaume B.