Nice People #6  Adrien  All You Need Is Ride

Nice People #6
Adrien
All You Need Is Ride

Un électron totalement libre. Même si Adrien se décrit lui-même comme un « ours », chez Kiss’n Vroom, nous préférons l’imaginer tel un petit grand atome complètement indépendant et joyeux, gravitant dans le monde de la moto avec curiosité et bienveillance. Toujours de bonne humeur et le regard pétillant, à l’image de son fanzine, le créateur d’All You Need Is Ride est une belle personne, une de celles qui vous font voir la vie du bon côté.

C’est grâce à Götz Göppert que nous avons eu la chance de rentrer en contact avec Adrien pour la première fois. C’était au printemps dernier, une séance photo par 0° au pied du Sacré Coeur et quelques échanges de mails avec le mystérieux rédacteur d’All You Need Is Ride plus tard, nous avions pour la première fois nos trombines et une interview de Kiss’n Vroom en bonne et due forme couchée sur papier glacé.

Et quel papier !!! Chers lecteurs, vous qui connaissez déjà le fanzine (AYNIR pour les intimes), vous n’avez pu qu’être conquis, comme nous, par la qualité de ce magazine auto-produit : de petits livres à collectionner, un bonbon qui se déguste au fil des pages et dont on ne se lasse pas de contempler les magnifiques clichés qui le composent.
Chers lecteurs, vous qui ne connaissez pas encore All You Need Is Ride, il n’est pas trop tard !! Nous espérons que la lecture de ce portrait vous donnera une irrésistible envie de vous ruer sur internet afin de commander sur le champ tous les exemplaires de ce magazine hors du commun.

Alors alors, qui est l’homme derrière le fanzine ?

« Un homme simple, épicurien, passionné, avec une soif de savoir et de rencontre illimitée… J’ai la trentaine, je suis à la base graphiste spécialisé dans l’édition. Autant dire que ça tombe pile-poil pour créer un fanzine ! Malgré mon côté un peu « ours », j’adore partager et rencontrer des personnes qui ont la même passion que moi. Autant dire que ça tombe pile-poil pour créer un fanzine (bis) ! Et je suis plutôt optimiste dans la vie, j’ai tendance à minimiser les difficultés. Autant dire… 😉 »

Adrien passe les premières années de sa vie au Gabon, puis dans la Drôme provençale. Après un long passage lyonnais et salonais, le voici de retour dans la Drôme, une région qu’il affectionne particulièrement. « La région possède encore un petit côté sauvage, qui titille sûrement mon côté ‘ours’. »

Ton premier Kiss ?
« Fatche ça remonte… En oubliant les kisses de petite jeunesse, l’officiel était un grand moment. Une chaleur intense pour quelques secondes lèvres contre lèvres, sous le soleil rasant qui éblouit sous le préau… Bon j’arrête le lyrisme. Le meilleur premier kiss ? Avec ma femme bien sûr !!! (Aïe aïe aïe, mais tu vois que je pense à toi 🙂 ) »

Et ton premier Vroom ?
« C’est vague mais je pense que c’était soit la Motobec’ Speciale 98 qui traînait dans le garage, soit la Vogue de mon papy… De toute façon, on se tirait la bourre avec les deux ! »

La passion de la moto ? Adrien ne sait pas trop d’où elle vient…pas de sa famille en tout cas. Jeune, il avait un « vieux scooter pourrave, qui passait deux mois au garage pour une semaine de roulage ». Il passe son permis 125 à 16 ans, le gros cube à 18 ans. « J’ai eu pas mal de motos d’origine et là je recommence à bricoler pour rigoler. Pour l’anecdote, ma première moto fut une Husky Supermot’. J’ai serré au bout de 30 bornes. Pas ma faute mais j’aurais du y voir un signe. »

Adrien, énervé de la poignée ? Cela ne colle pas vraiment avec l’ambiance tranquille et sereine qui se dégage de notre rédateur en chef, et pourtant…
« J’ai été un fou de la poignée pendant un mois… Ma première « grosse » moto – paix à son âme – fut une 748 rouge acquise grâce à mon prêt étudiant. Peut-être est-ce la couleur qui m’a forcé à glisser sur la route pour terminer dans le fossé… J’ai croisé les skis à 20 cm de la roue avant de mon p’tit frère, il doit bien s’en rappeler ! Bref, ma « vraie » première moto était une Ducati 748 jaune. Avec le temps je m’aperçois que la puissance sur une moto ne veux rien dire, et que c’est surtout son côté joueur dû à un faible poids qui m’amuse… Ce n’est pas pour rien que je suis en mono de 30 chevaux… Correction : Il en faut quand même un peu, de la puissance 🙂 Je veux refaire un peu de piste très vite et voyager un peu plus loin en moto… »

Adrien a eu pas mal de motos d’origine (« J’aime toutes les motos ») et il recommence à bricoler pour rigoler dans un garage partagé avec un ami mécano, qui le conseille. Ses motos sont stockées chez ses parents et son récent déménagement va lui permettre d’en profiter plus souvent. Il roule en ce moment sur son tracker « The Dude » sur base de 500 XLS 81. « Énorme comme moto ! Je devrais normalement avoir un 400 GPZ de 84 caférisé par mon pote Gildas sous peu. Et je bosse également sur un nouveau projet mais ça c’est une surprise… »

Nous ne pouvons résister à la tentation de lui demander de partager une de ses meilleures anecdotes motocyclistes.
« Il y en a tellement mais mon dernier grand moment au guidon ? Les Wheels & Waves ! On a passé tout le week-end à jouer au chat et à la souris avec la pluie. Une réussite jusqu’à 20 bornes du camping où on allait ranger les motos dans le fourgon pour rentrer… La mer et les poissons nous sont tombés dessus ! La grosse erreur fut de s’abriter en attendant que ça passe. Ben c’est pas passé, et avec les 2 centimètres d’eau sur le bitume que ma roue arrière déposait délicatement sur mon filtre à air, ma moto broutait et impossible d’avancer. On s’est arrêté 12 fois pour 20 km. Et plus de pétrole dans le résé, je m’arrête dans la seule station à 200 km à la ronde où un technicien bricole la seule pompe SP, la rendant HS. Mort de rire sous mon casque, j’adore les imprévus galères… Mon pote TAO – avec qui je roulais – beaucoup moins. . À chaque fois que je pars en vadrouille avec lui, il m’arrive quelque chose. Je l’appelle mon « Chat Noir ». Bref, bien rigolé à voir sa tête se déconfire au fur et à mesure que l’on se transformait en animaux aquatiques et à voir les motos abandonnées sur le bas-côté des si belles routes basques. »

Vous l’aurez compris, Adrien est un passionné. Et quoi de mieux dans la vie que de concilier passion et occupation (pour ne pas employer le gros mot « boulot ») ? C’est ainsi que l’aventure All You Need Is Ride a commencé, il y a maintenant deux ans. « Une puissante envie de créer quelque chose graphiquement, avec son cerveau et ses mains, en rapport avec la moto évidemment », pousse Adrien à démissionner pour lancer le fanzine.

« C’est profond comme sentiment, ça ne s’explique pas avec des mots. » De l’idée à l’action, quelques mois s’écoulent, le temps pour notre futur rédac’ chef de quitter son emploi de graphiste dans une maison d’édition aixoise (qui lui a beaucoup appris), de commencer ses réflexions sur le fanzine, de créer l’association qui l’édite et gérer tout ce que cela implique autour. « C’était le moment, j’avais vraiment envie de faire cela, nous confie Adrien, je ne veux surtout pas avoir de regrets dans quelques années et me dire que j’aurais dû le faire. »
Et c’est parti, bouche-à-oreille, réseaux sociaux, relations… All You Need Is Ride est né !

Wouhaou, chez Kiss’n Vroom, nous ne pouvons que nous incliner bien bas devant ce genre d’initiatives audacieuses et ovairues (private joke, comprendra qui pourra !).
Le but premier d’Adrien était de se faire plaisir avant tout, de répondre à un désir profond, de partager et de rencontrer des gens. Le pari semble réussi et lui va tellement bien !

L’esprit fanzine est en effet avant tout un système de partage, d’échange de bons procédés. Adrien est toujours à l’affût de nouveaux thèmes et ne connaît pas l’angoisse de la page blanche car bien souvent, les sujets lui arrivent tous seuls, proposés par des connaissances, le réseau, les photographes qui offrent généreusement leur contribution.
Ndlr : Adrien vous remercie au passage les photographes !

En véritable homme orchestre, Adrien coordonne, rassemble, met en ordre et en (jolie) forme les reportages glanés en mélangeant les univers, comme par exemple la collaboration avec son ami Syre dans le dernier numéro. Puis, assure la production et la distribution. Entre l’idée des sujets et la sortie effective du fanzine, il faut entre trois et quatre mois. S’ensuit en général un bon repos ! « Quand je finis un magazine, je suis bien vanné donc pendant un mois je ne fais pas grand chose. » 🙂

A entendre notre interviewé, cela a l’air tellement simple et fluide. Mais, ce n’est pas facile tous les jours évidemment…
« On ne va pas se mentir, le plus gros obstacle est financier. J’essaye de faire de la qualité et ce n’est pas donné ! Sans publicité ce n’est pas évident, heureusement que j’avais quelques économies et que les auteurs, les photographes et les lecteurs me suivent et comprennent la démarche si particulière d’un fanzine !!! Annonceur, si tu m’entends ! 😉 »
Pour s’assurer un peu plus de confort, il faudrait donc faire rentrer de la pub ?? Aïe aïe aïe. Ou alors se faire distribuer par de plus grands groupes. Et risquer de compromettre la liberté qui lui est si chère ? « Pourquoi pas, mais comme je ne fais pas cela pour l’argent, ce n’est pas vraiment ma priorité. »

Niveau moyens, Adrien avoue qu’il serait censé faire attention au coût, réduire les pages, changer la qualité du papier… mais en pratique, il fait le contraire. « Je suis le plus mauvais commercial du monde », nous avoue t-il en rigolant. Pourtant, à voir son sourire franc et sincère, on aurait envie de lui acheter l’intégralité de son stock immédiatement ! « Le rêve serait de pouvoir en vivre…mais cela va être dur. Alors j’essaye de tout faire pour que cela dure le plus longtemps possible, pour rencontrer le plus de gens possible ! ». Tout en assurant trois jours par semaine un petit boulot alimentaire, afin de gagner deux trois sous malgré tout.

Quant aux doutes, ils sont permanents. « Est-ce que ça vous plaît ? Vous passez un bon moment à lire le fanzine ou à rider ensemble ? C’est le propre du graphiste d’être éternellement insatisfait et j’ai comme leitmotiv d’essayer de m’améliorer à chaque instant – mais à mon rythme de sudiste. »
Rassure-toi Adrien, tes fans te sont fidèles et ne peuvent qu’être admiratifs devant la qualité et la quantité du travail accompli !

Preuve en est la demande croissante, en France comme à l’étranger.
AYNIR est diffusé à un petit nombre d’exemplaires, en français bien sûr, et depuis deux numéros, en version anglaise. Les lecteurs achètent via le site internet, depuis les quatre coins de la planète : Amérique du Sud, Etats-Unis, partout en Europe, maintenant au Japon… Parmi les projets d’Adrien pour l’année prochaine, figure notamment en bonne place le fait de continuer le développement en dehors de nos frontières, « ce qui est uniquement possible grâce à Olv’ aka Motorcycle Boy qui s’occupe des traductions. »

Parmi les autres projets 2016 : faire pas mal d’événements motocyclistes, profiter et partager !
Lorsque l’on demande à Adrien ce que l’on peut lui souhaiter pour la suite, il répond modestement : « Que les gens me connaissent plus, que ça fasse boule de neige, après je ne recherche vraiment pas le succès. Je suis moi-même surpris des demandes que je peux avoir… même si mes chiffres ne sont pas ceux des grands magazines. » Une belle personne, vous a-t-on dit au début de cette interview ! 😀

Nous ne pouvons d’ailleurs qu’être sensibles au regard bienveillant que pose Adrien sur les femmes dans l’univers de la moto.
« Je ne vois plus ce clivage entre hommes et femmes aujourd’hui dans ce milieu. Nous sommes des riders ! J’ai toujours essayer d’intégrer des personnalités féminines au projet du fanzine, pour ouvrir le champ des sensibilités. Bref en tant qu’homme, je ne vois presque plus de frontières. C’est différent à travers les yeux d’une femme ? »

Quant à All You Need Is Ride dans cinq ans, ce sera « Pareil mais en mieux !!! Par dessus tout, le fanzine gardera cet esprit artisanal et propre à s’intéresser autant à la monture qu’à celui qui ride avec. Peut-être un peu plus ouvert encore à d’autres sujets-passion mais en n’oubliant jamais l’essence du fanzine. Et une plus grosse équipe ! J’aimerais bien à l’avenir intégrer des personnes au processus de création et production (hein Olive, Jérôme…). Mais développer également les rides AYNIR, faire des expos… Plein de projets estampillés AYNIR ! »

Le mot de la fin ?
« Merci… Je souhaite remercier personnellement les personnes qui, comme Cam’ et Clara, font vivre le fanzine – soit en étant couchées sur les pages avec un mot ou une photo, soit en créant ces derniers, soit en le soutenant par le biais d’une lecture passionnée et décontractée ou tout simplement en le faisant découvrir autour de soi.
All we need is ride… All You Need Is Ride ! »

Merci à toi Adrien, puisses-tu rester un électron libre et audacieux le plus longtemps possible et longue vie à All You Need Is Ride !

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