Holidays Part 2Comment créer un bon roadbook ?

Holidays Part 2
Comment créer un bon roadbook ?

En tant que bonne roadtripeuse depuis des années, je vais vous donner LA technique pour construire d’excellents roadbooks.

Le matos à avoir :

– La ou les cartes Michelin des régions que vous allez arpenter à moto.

– Votre ordinateur avec Google Map ouvert.

– Un stabilo rose.

– Du temps devant vous pour bien faire les choses !

Commencez par respirer, et ouvrez en grand votre carte Michelin sur une table ou à même le sol.

Et là, imprégnez-vous de toutes ces départementales, noms de villes et villages, numéros en veux-tu-en voilà… et immergez-vous dans les couleurs de cette oeuvre d’art, le bleu des rivières, le vert des forêts…

Entourez les villes de départ et d’arrivée… et c’est parti !

1. Etudiez la carte en ayant toujours en tête votre objectif : dénicher les plus belles routes ! Pour ce faire, regardez celles qui tournent, qui affichent de belles et harmonieuses courbes, ou des lacets plus serrés. Si ces routes – souvent des départementales – sont bordées de vert, bingo ! Cela signifie qu’en plus d’être viroleuses, ces routes sont entourées de paysages pittoresques.

2. Tracez ensuite votre chemin sur la carte à l’aide de votre stabilo rose (ou d’un crayon à papier si vous n’êtes pas encore sûr de vous).

3. Arrêtez-vous sur Google Map maintenant. Cliquez sur itinéraires, entrez la ville de départ et ajoutez les étapes comme suit, dans l’ordre : la numéro de la route – exemple D 61 – une virgule puis la destination « finale – celle qui entraîne un changement de direction.

4. Continuez ainsi jusqu’à la ville d’arrivée. Le seul hic avec Google Map est que l’on est limité à 10 étapes. Mais sinon, cet outil reste de loin le plus intuitif et performant. Pourquoi ? Parce qu’avec les indications minimums (le nom de la route + la ville), les puissants algorithmes de Google Map vous tracent automatiquement l’itinéraire et vous donnent le temps pour y parvenir.

Regardez un peu :

(la route ici n’était pas ultra excitante, mais fallait bien qu’on aille à Thionville depuis Paris, donc… ;))

Google map_Roadbook_itinéraire

352 kilomètres, 5h21, c’est parfait pour une journée, sachant qu’il faut s’arrêter fréquemment pour le plein, le déjeuner, les pauses… Moins, cela est possible évidemment, surtout avec des motos plus pépères ! Plus, c’est également envisageable, à condition de ne pas rouler 400 kilomètres de cols et descentes sinueuses…

Et voilà vous savez tout ! Il ne vous reste plus qu’à continuer ainsi : « stabilotez » les routes qui vous font de l’oeil sur la bonne vieille carte Michelin, puis rentrez les informations sur Google Map et ainsi de suite jusqu’à la fin.

5. Avant-dernière étape, la plus excitante : écrivez les étapes de votre roadbook sur une feuille de papier, que vous scotcherez sur votre réservoir.

6. Enfin, savourez, une fois sur la route, le plaisir infini de rouler sans filet, juste porté par votre petit mémo et le souvenir des routes que vous aviez repérées sur la carte. D’un coup d’un seul, tout se matérialise en vrai ! Vous le vivez enfin, ce beau roadbook ! Et il devient roadtrip 🙂

Au diable les GPS sous toute forme qu’ils soient ! Ils nous abrutissent et nous ne réalisons même pas quelles villes et régions nous traversons. En forçant notre cerveau à se mettre en position de « pilote automatique », il ne travaille plus ! Et l’on passe à côté du plaisir immense apporté par nos belles cartes Michelin.

Ce n’est pas Michel Houellebecq qui dira le contraire… 😉

Extrait de La Carte et le Territoire :

« A quinze heures, ils s’arrêtèrent dans un relais un peu avant La Souterraine : à la demande de son père, pendant que celui-ci faisait le plein, Jed acheta une carte routière « Michelin Départements » de la Creuse, Haute Vienne. C’est là, en dépliant sa carte, à deux pas des sandwiches pain de mie sous cellophane, qu’il connut sa seconde grande révélation esthétique. Cette carte était sublime ; bouleversé, il se mit à trembler devant le présentoir. Jamais il n’avait contemplé d’objet aussi magnifique, aussi riche d’émotion et de sens que cette carte Michelin au 1/500 000 de la Creuse, Haute Vienne. L’essence de la modernité, de l’appréhension scientifique et technique du monde, s’y trouvait mêlée avec l’essence de la vie animale. Le dessin était complexe et beau, d’une clarté absolue, n’utilisant qu’un code restreint de couleurs. Mais dans chacun des hameaux, des villages représentés suivant leur importance, on sentait la palpitation, l’appel, de dizaines de vies humaines, de dizaines ou de centaines d’âmes – les unes promises à la damnation, les autres à la vie éternelle. » (Michel Houellebecq)

Photos : Clara