Indian TripPart 2

Indian Trip
Part 2

Après avoir passé une première partie de voyage à Goa, nous nous sommes envolés pour les Iles Andaman.

Situé dans le Golfe du Bengale, cet archipel a la réputation de voir certaines de ses îles habitées par des Indigènes, hostiles à toute intrusion. Enfin surtout une, l’Ile de North Sentinel, située juste à côté de South Andaman et d’Havelock que nous avons visitées. Cette île a fait la une de l’actualité en novembre dernier, avec la mort d’un missionnaire américain qui a déjoué les interdictions et la surveillance indienne (il est proscrit de s’approcher de l’île et de la survoler de près, sous peine de se faire bombarder de flèches !). Vous trouverez plus d’informations sur l’histoire de cet archipel Andaman-et-Nicobar, et des autochtones qui sont parvenus à survivre, dans cet article du Monde.

Pour arriver jusqu’à Havelock, il a fallu s’armer de patience. Depuis Goa, nous avons pris un vol pour Bangalore puis Port Blair, la capitale de l’archipel. Ensuite, une attente de cinq heures nous a permis de rencontrer Meindert, un hollandais très chouette. Nous l’ignorions alors mais nous passerons avec lui une bonne partie de ce second épisode des vacances.

Une fois installés dans la navette maritime qui nous amenait à Havelock, nous avons pu goûter aux charmes indiens du voyage. Des écrans nous diffusaient une sélection des meilleurs films Bollywood de l’année. Tous les indiens présents étaient aux anges tandis que nous subissions le voyage : la musique kitsch à fond, la clim mal réglée, le froissement des paquets de chips… Elle se méritait notre île !

Enfin parvenus à destination, nous avons passé trois jours de bonheur et deux jours de plaie. Je vais vous résumer notre séjour en quelques thèmes :

La plage de Radhanagar :

Située à l’ouest de l’île (nous dormions sur la côte est de l’île, il fallait vingt minutes en scooter pour la traverser latéralement), cette plage de sable blanc est impressionnante : immense, bordée d’arbres géants (des Sequoïa? des Eucalyptus ? vos connaissances sont les bienvenues !), elle offre un coucher de soleil à couper le souffle. Vous y ajoutez des vagues de rêve (vous savez, celles que l’on voit arriver, qui se forment lentement, vous permettent de surfer sans planche et n’emportent pas votre maillot de bain !) et on peut dire que le paradis existe.

On pourrait y passer des jours sur cette plage, tellement les couleurs et l’atmosphère sont fascinantes… Les arbres immenses captivent par leur vert chatoyant en plus d’apporter de l’ombre à discrétion. Sur la plage, la lumière est rouge, mystérieuse, preuves en sont les photos ci-après, sans filtre. L’eau est chaude, translucide et vierge de monde (les indiens ne se baignent pas !), bref on s’y sent bien à Radhanagar beach, tranquilles, apaisés, loin de tout. Le bonheur est simple n’est-ce pas ?

 

La plongée :

Nous avons décidé d’en profiter pour passer notre PADI Advanced Open Water permettant de plonger seul jusqu’à dix-huit mètres ! La promesse était belle, mais j’ignorais que même au bout du monde, les règles seraient si strictement respectées !

Une demi-journée de leçons théoriques, des cours pratiques d’assemblage-démontage, des immersions à huit heures chaque matin, un rythme intensif de deux plongées à la suite d’une heure chacune, était-ce cela, les vacances ? Mais pourquoi s’infliger pareille cadence ! Ok ok, je n’allais pas me plaindre, le cadre était plutôt idéal. Et puis lézarder des heures durant n’était pas trop le thème de la lune de miel. Il fallait bouger, explorer, se dépenser !

Le premier jour de plongée, nous avons admiré des dizaines de coraux et poissons différents, dans des fonds limpides.

Les jours suivants, la donne avait changé. Pabuk le cyclone progressant en mer d’Andaman, les fonds sont devenus plus troubles. C’est là que nous avons entrepris les choses sérieuses. Et vas-y que l’on te met de l’eau dans le masque, que l’on te l’enlève même, à douze mètres de profondeur. Mais cela n’était que les amuse-bouches. Arrachage du détendeur (le truc qui te permet de respirer), gonflement manuel du gilet à la surface, simulations de détresse, remontées d’urgence, et j’en passe et des meilleurs. Quelle idée franchement ! Bon, le jeu en valait la chandelle. La sensation de détente voire de méditation sous l’eau lors des plongées « normales » (sans exercices) permettait vraiment de savourer l’instant présent. Et mon instructrice Shonali était particulièrement prévenante. Moyennant deux ultimes plongées, nous étions sur le point d’obtenir notre diplôme quand…

 

…le cyclone Pabuk surgit :

Le soir du troisième jour, les responsables des cottages ont frappé à notre porte : demain, nous avons ordre du gouvernement de faire évacuer tous les touristes d’Havelock, ainsi que ceux de toutes les îles avoisinantes, pour les faire rejoindre la principale, South Andaman où se situe Port Blair. La raison ? Pabuk, après avoir frappé la Thaïlande, menace de faire des ravages sur les Iles Andaman-et-Nicobar.

Reeeaaaaallly ? N’est-ce pas plutôt une tempête tropicale qui partira aussi vite qu’elle est arrivée ?

Eh bien dans le doute, le gouvernement ne nous a pas laissé le choix.

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés, le lendemain matin, à faire un kilomètre de queue parmi les centaines d’indiens et dizaines d’occidentaux, tous contraints à partir. Nos nouveaux amis, Anna l’espagnole et Meindert le hollandais, ont apporté un peu de douceur à cette journée improbable. Des réfugiés climatiques, voilà ce que nous étions devenus ! L’attente sous un ciel menaçant n’était rien à côté du périple qui nous attendait sur la mer. Huit heures plus tard, nous avions enfin embarqué sur le vieux ferry. Une fois partis, le cyclone nous accompagnera durant toute la traversée. Au début, nous pouvions encore rester sur le pont. La mer commençait à s’agiter, mais l’air et la vue dégagée faisant, nous étions en forme. Vingt minutes plus tard, ça tanguait sérieusement ! Nous avons alors été obligés de descendre dans la cale, avec tous les autres voyageurs. Aucune ouverture, pas d’air, une chaleur étouffante.

Le cauchemar commençait. Assis sur une banquette, nous fermions les yeux, ça passait à peu près… jusqu’à ce que la mer se démonte !  Nous étions en plein dans le cyclone. Des creux de plusieurs mètres faisait bouger le gros ferry dans un bruit assourdissant ! C’est comme si chaque vague explosait au contact du bateau. Quel enfer ! Les yeux toujours clos, nous entendions les voyageurs crier, vomir, les enfants pleurer. Avec Guillaume, nous avons tenu une heure et demi. Ensuite, nos petits sacs en plastique ont accueilli le petit sandwich et la noix de coco que nous avions dégustés dans la journée. S’en sont suivis trois autres heures interminables de mal de mer carabiné, hauts le cœur et maux de tête. C’est simple, tout le monde était malade comme un chien. Et imaginez bien que si les quelques occidentaux présents avaient trouvé un sac en plastique dans leurs bagages, les indiens n’en avaient pas…

Au bout de plus de quatre heures de traversée hallucinante, nous avons enfin accosté à Port Blair. Hagards, blancs comme des linges, exténués, nous avons encore mis une heure pour sortir du ferry. Un spectacle de désolation a achevé ce pire voyage de notre vie : des litres de vomis jonchaient le sol, mélangés à d’autres immondices et gros cafards. Beeeurk ! Mais ouf, enfin, cela ne swinguait plus, on avait survécu au cyclone et au mal de mer. La soirée s’est terminée avec un butter chicken sur le roof top de notre hôtel de fortune, et une nuit dans une chambre un peu miteuse mais qui avait le mérite de nous protéger du vent et de la pluie tropicale.

Le lendemain, nous choisissions le meilleur hôtel de Port Blair, pour passer les dernières quarante-huit heures avant notre retour en France. La vue était imprenable sur la baie, les chambres propres, luxueuses et SANS bébêtes ; quant aux repas et cocktails, ils nous ont bien requinqués.

 

L’excursion sur la plage de Wandoor et la visite de Cellular Jail :

Nous avons mis une journée entière pour nous remettre de notre « traumatisme cyclonique ». Puis la soif d’aventure a repris le dessus. C’était parti pour une exploration en scooter, afin d’atteindre une plage paradisiaque, Wandoor. Le problème est qu’il fallait quitter l’enfer de la ville pour nous retrouver dans la forêt tropicale. Nous avons failli mourir dix fois avant d’arriver sur la fameuse plage. Belle plage ? Ca oui ! Entourée de mangrove et d’autres îles, elle offrait un spectacle époustouflant. Mais… pas une personne à l’eau, un garde peu avenant équipé de son intimidant sifflet, des filets de protection anti crocodiles de mer (incroyable mais vrai) ! Une heure de scooter sous le soleil pour ne pas goûter à cette eau divine qui nous appelait de ses scintillements ! Quel supplice ! Le marketing, le tourisme, l’écologie ne sont définitivement pas le fort des indiens… Nous nous sommes protégés sous des petites huttes, parmi lesquelles une famille de Sikhs se reposait. Le hic ? des détritus (toujours ces fâcheux paquets de chips) jonchaient la mangrove.

Bref, un quart d’heure et quelques photos plus tard, nous retrouvions notre scooter préféré, pour rentrer à l’hôtel. Heureusement, les jolies routes empruntées avant d’arriver à Port Blair resteront imprimées dans nos coeurs.

Le reste de la journée, nous l’avons passé à visiter Cellular Jail, qui a tristement accueilli des prisonniers politiques, opposants au régime colonial anglais, durant des décennies. Il régnait dans ce lieu chargé d’histoire, une atmosphère tragique. Surtout que le nom et le visage de chaque prisonnier apparaissait dans le mémorial. Quelle ironie ? Se battre pour la liberté de son pays et finir punis, condamnés à travailler comme des forçats et enfermés toute la vie dans une prison située sur une île paradisiaque…

 

La cuisine indienne :

Durant ces deux semaines de vacances, je peux dire que la cuisine indienne m’a littéralement transportée. Epicée, variée, saine, elle mérite que je lui consacre le mot de la fin !

Chapati, dahl, butter chicken, aloo parotha, tandoori, … S’il y a bien un univers dans lequel les indiens excellent, quelles que soient les conditions, c’est bien la cuisine. Nous nous sommes régalés et n’avons pas été malades une seule fois ! C’est souvent la question que l’on nous a posé à notre retour en France, et je le répète, en Inde, il n’y a aucun risque de voir le séjour gâché par une indigestion ou autres incommodités ! Seules précautions à prendre ? Eviter de boire l’eau courante et de consommer des fruits et légumes crus ! La cuisine indienne, faisant bon usage des épices, de l’ail et des oignons, est savoureuse antibactérienne ! Mon plat préféré était l’aloo paratha que j’adorais déguster au petit déjeuner : une galette de blé rôtie et croustillante fourrée d’une fine couche de pommes de terre et parfumée aux herbes et épices. Miam !

Ce séjour sur les Iles Andaman aura été riche en émotions. Je garde un sentiment d’inachevé, de frustration et d’ambivalence. J’aimerais revenir pour découvrir tout ce qui m’a échappé, les fonds marins, les autres plages, les îles avoisinantes, et me rapprocher des cultures locales. En même temps, avec toutes nos galères, je me dis qu’il y a encore tellement d’autres contrées à explorer, plus proches et peut-être moins risquées…

Je vous donne rendez-vous pour de nouvelles aventures, à moto ou en bateau, sur la terre ou sous l’eau, avec des tribulations et toujours un peu de chaos ! Sinon ce n’est pas drôle…

A très Bientôt 🙂