Daikanbo

Daikanbo

La Mecque des bikers de Kyūshū.
Prenez une once de vallée de Chevreuse, mélangez avec quelques volcans d’Auvergne, saupoudrez d’animaux helvétiques, ajoutez du bitume parfaitement lisse et assaisonnez d’une méga dose de civisme : vous obtiendrez la caldeira d’Aso, véritable paradis terrestre pour motards.

Nous avons rendez-vous avec Nori à 10h30 sur le parking de la guest house Sai-An, point de ralliement idéal des bikers du coin : un parking géant et un panorama qui donne des fourmis dans les roues, des distributeurs de boissons fraîches et de café chaud, une épicerie en cas de petit creux, des toilettes ultra propres (précision importante et à la fois inutile, car au Japon, tout est nickel), et même un souvenir shop si l’envie nous prenait d’acquérir soudainement un volcan en peluche.

Enfin, enfin, après en avoir tant parlé (ici), nous allons voir de nos propres yeux la Paul Smart de notre papa japonais. Il est 10h29, le cliquetis typique de la Ducati se fait entendre depuis l’entrée du parking…la voilà ! Une apparition ! 60 000 km au compteur et pas une ride, pas une égratignure. Une folie !

Un tour du propriétaire s’impose. Comme le savent déjà nos lecteurs assidus 😉 la Paul Smart de Nori est entièrement préparée avec les équipements les plus performants qui existent, certains ayant même été créés sur-mesure pour ce bijou. Le temps d’admirer le chef d’oeuvre, de doux grondements se font entendre : le parking s’emplit et se désemplit au gré des arrivées et départs des riders impatients de commencer leur journée.

Allons tester la merveille ! Tester par procuration bien sûr, hors de question de risquer d’abîmer la bête, nous suivons bien sagement, frustrés assis dans notre Nissan de location. Après trente minutes de virages se déroulant au milieu de somptueux plateaux herbeux sur fond montagneux, nous atteignons un point de vue imprenable et vertigineux sur la caldeira. Des vrombissements résonnent et se perdent dans l’immensité de la plaine volcanique, pas de doute, l’endroit est connu comme le loup blanc.
Daikanbo.
Le nom retentit comme un coup de gong.
L’instant est solennel. Perchés au bord de la falaise, nous admirons le paysage. Les beautés mécaniques sont sagement alignées au fond du parking, rutilantes sous le soleil, tandis que leurs propriétaires se détendent les jambes sur les sentiers environnants.

Détail non négligeable et fort surprenant pour la touriste que je suis : presque tous les motards ont laissé leur casque sur leur guidon, leur téléphone mobile utilisé en guise de GPS dans le logement ad’hoc fixé sur la moto. Vous imaginez cela en France ? Plus besoin de porter son casque pendant les haltes, finie la crainte de se faire dérober son attirail si précieux. Quel confort, quel repos de l’esprit !!

Mais ne gaspillons pas de temps, en selle, enfin, en siège-de-Nissan pour nous (snif), il ne faut pas perdre de vue Nori qui dépasse largement les 50 km / heure en vigueur sur les nationales nippones. Chaque courbe enroulée nous offre de somptueux panoramas : au détour d’un lacet, nous voici en Suisse, à la sortie d’un autre, en Auvergne, après ce virage, nous sommes transportés au Vietnam…tout cela sous l’oeil à la fois pacifique et menaçant du Naka-Dake, le seul volcan actif des cinq monts de la caldeira.
Eh oui, il faut le savoir, au Japon, l’épée de Damoclès n’est jamais bien loin, tout peut vous sauter à la figure d’une minute à l’autre. Tremblement de terre, typhon, éruption…maigre échantillon de tout ce que cet archipel fascinant doit être prêt à endurer à tout moment.

N’y pensons pas et profitons de la sérénité des paysages traversés. Nous sommes littéralement seuls sur des routes idylliques, captivés par la beauté de la nature japonaise et suspendus à la roue arrière de la Paul Smart qui nous guide inlassablement. La journée a filé sans que nous ayons eu le temps de dire ouf !
C’est décidé, le prochain voyage au Japon sera en bécane ou ne sera pas !

Photos : Cam