Enceinte à moto ?

Enceinte à moto ?

Attention, cet article a été victime d’un vortex !
Par superstition ou pour ne pas tenter le diable, comme vous voudrez, il a été écrit il y a quelques semaines. J’ai juste attendu d’être sûre que tout se passerait bien pour le publier. En aucun cas, il n’est une incitation à prendre des risques, c’est juste un partage de mon expérience vécue ces derniers mois, avec la chance que j’ai eue d’avoir une grossesse sans aucun désagrément 😉

Nous sommes début août, il me reste un mois à « tirer » avant le premier jour du reste de ma vie et j’ai envie de prendre le clavier pour vous parler de mon expérience de femme… avec mini être humain dans le ventre… qui a l’habitude de se déplacer quotidiennement… en deux-roues.

J’en profite pour confesser publiquement et humblement mon côté Dr Jekyll & Mister Hyde. J’ai beau posséder un superbe Zéphyr que j’adore malgré ses couleurs improbables, je roule en effet en scooter chaque jour de la semaine dans Paris. Voilà, c’est dit – consternation dans l’assemblée.

Ok ok, je me sens obligée de me justifier à présent 🙂

1/ Je mets exactement sept minutes trente huit pour faire le trajet maison > travail, autant vous dire que ma grosse mère à carbus n’a absolument pas le temps de chauffer.
2/ Pas très confortable de passer le trajet en 1ère-2nde-1ère-2nde…3e ?? Ah non, zut, un abruti vient de déboîter. Point mort.
3/ A 45 km/h en vitesse de pointe, aucune chance de me faire attraper par les méchants radars cachés dans la ville.
4/ Hors de question de laisser mon Zeph dehors dans les parkings craspoques du 18e arrondissement, il dort sagement dans un parking du 3e (aucune rationalité dans cette organisation, juste une suite d’événements fortuits).
5/ Qui peut se targuer de consommer moins de cinq litres pour 140 kilomètres ?
6/ Avec mon tablier et mon ciré de marin pêcheur, rien à craindre quand il pleut, je sors par tous les temps et ne suis même pas mouillée à l’arrivée !
7/ Et enfin… scooter = rangement sous la selle pour le sac à main (bah oui, suis une fille à sac à main) + petits pieds protégés et talons / sandales autorisés – ouiiii je sais, en principe, ce n’est pas du tout conseillé, blablabla 😉

Bref. Je me déplace en tout cas tous les jours en deux-roues dans Paris, ce qui m’a valu quelques… remarques… réflexions… pour ne pas dire jugements, quand mon entourage a appris que j’étais enceinte.

Chose curieuse, mais finalement logique, ce sont les gens qui soit me connaissaient le moins (mes charmants collègues par exemple), soit qui n’étaient pas du tout coutumiers du monde de la moto qui m’ont le plus… saoûlée. N’ayons pas peur des mots. De la part de ma famille, de mes amis ou surtout du principal intéressé, pas une réflexion, ni même un sourcil levé lorsque j’annonçais que je roulais toujours après trois, quatre, sept mois… huit mois.

Oui, je roule toujours début août alors que la DPA (jargon technique, je vous laisse chercher) est prévue pour le 2 septembre. Mais que voulez-vous, je me sens tellement mieux à l’air libre, assise sur mon scoot en plastique qui m’emmène tranquillement où je veux, sans avoir à marcher, à jouer des coudes et à monter des escaliers au milieu d’une foule moite et hostile ! Je suis tellement contente le matin de sentir l’air frais sur mon visage et d’arriver au bureau après mon petit tour de manège autour de la butte Montmartre !

Je vous avoue que le summum a été atteint le jour où, enceinte de cinq mois et demi, j’ai reçu le mail d’un collègue, certes extrêmement attentionné, mais terriblement intrusif, où il me conseillait vivement d’arrêter le scooter et surtout… d’en parler avec le futur papa – stupeur dans mon esprit. Comme si, totalement écervelée, j’avais décidé envers et contre tout de faire n’importe quoi et ne pas prendre soin de la petite vie qui grandissait en moi.
J’avais déjà renoncé temporairement à la moto, n’étant pas encore suffisamment aguerrie pour parer aux éventuelles erreurs de pilotage. Mais hors de question de mettre trois fois plus de temps pour arriver au bureau, hirsute et de mauvaise humeur après trente minutes de trajet souterrain !!
Le fait est que toutes ces phrases insidieuses ont fini par me lasser et que je me suis mise à cacher mon casque dans le parking avant de monter dans les étages m’asseoir à mon bureau… comme quoi, on ne peut pas toujours faire totalement abstraction de la pression extérieure.

Je ne suis pas craintive, mais c’est qu’ils allaient finir par me porter la poisse tous ces gens qui voulaient faire mon bonheur malgré moi !! Au fur et à mesure que les jours avançaient et que les réflexions s’accumulaient, de plus en plus je culpabilisais, me voyant écrasée comme une vulgaire crêpe sur l’asphalte à chaque carrefour un peu chargé.

La personne qui m’a « sauvée » de cette rumination stérile est la sage-femme que j’ai rencontrée lors de la préparation au jour J. Je me sentais particulièrement à fleur de peau lors de notre premier rendez-vous et je lui ai livré tous les doutes et les questions soulevés par ces intrusions de personnes étrangères à mon mode de vie. Elle a simplement souri en me disant qu’on ne pouvait pas interdire à une hollandaise de faire du vélo et que seul mon bien-être comptait. Qu’elle même avait été passagère derrière son mari jusqu’au bout et que sans contre-indication médicale particulière, je n’avais aucune raison objective d’arrêter.

J’ai eu envie de la prendre dans mes bras !
Oui, enceinte ou pas, le deux-roues est un mode de transport dangereux. Oui quand on attend un enfant, on est en charge d’une autre âme que la sienne. Il n’empêche que chacun reste libre de vivre et d’agir comme il l’entend, de rouler équipé ou non (pour reprendre un autre débat du début de l’été), en un mot de prendre ses responsabilités. Après tout, j’aurais aussi bien pu tomber dans l’escalier ou me faire renverser par un vélo qui grillait un feu rouge (ce sera d’ailleurs l’objet d’un autre article). Mais comme dirait l’autre, le pire n’est jamais certain et chez Kiss’n Vroom, nous croyons fermement en notre bonne étoile !

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Retrouvez cet article dans le Génération Moto n°102 actuellement en kiosques !