Nice People #4  Nico Sonina

Nice People #4
Nico Sonina

NICO SONINA par Cam & Clara !

Encore un Nice People qui n’a pas la langue dans sa poche ! C’est au tour de Nicolas Sonina de passer à la moulinette Kiss’n Vroom.

La séance photo
Rendez-vous dans le sud de Paris, où nous retrouvons Nicolas, frais comme un gardon. Tandis que nous déplorons un léger retard, notre ami lui est déjà descendu de sa moto et s’avance vers nous, plonge ses yeux dans les nôtres avec aplomb. « Ça fait un quart d’heure que je vous attends les filles ! ». Ok ok, toi qui connais si bien les femmes, tu devrais savoir, Nico, que bon nombre d’entre elles sont adeptes du fameux quart d’heure de politesse, enfin !
Toujours avec assurance, il nous conduit à l’entrée du parc Georges Brassens pour nous signifier le lieu où seront prises les photos. Heureusement, Camille, équipée de son attirail de pro, va rapidement reprendre le lead des opérations. Au final, la séance devient vite très amusante. Nicolas se prend au jeu d’être devant l’objectif, et semble même prendre du plaisir ! On vous laisse découvrir le résultat.

Le restaurant Les Tontons
Nicolas nous a donné rendez-vous dans un de ses repaires, un lieu à la gloire des Tontons Flingueurs et du tartare sous toutes ses formes. Quelques références à Audiard plus tard, nous voici attablés dans l’antre de Francis Blanche. Nicolas a pris possession des lieux. Il est « chez lui ». Ce n’est pas la première fois que l’on remarque sa grande aisance. Cela peut même parfois impressionner, car à l’attitude assurée se joint une répartie défiant toute concurrence.
Nous sommes en fin de journée, il est temps de se détendre autour d’un verre. Notre hôte opte pour un Cointreau / Jack Daniels avec un petit glaçon. En voilà une idée ! Il nous avoue avoir découvert cette création surprise du barman offiçiant à l’Alimentation Générale, lors d’une soirée endiablée apparemment passée en charmante compagnie. Ah quel séducteur ce Nico ! Nous choisissons une coupe de champagne pour Claire et un exquis verre de grenadine côté Cam. Et c’est parti pour l’interview !

« Vous les feeeeemmeus »
Au même titre qu’il se passionne pour les motos depuis tout jeune – nous y reviendrons un peu plus tard, Nicolas voue aux femmes une vénération sans limites. Il semble qu’elles trouvent toutes grâce à ses yeux. Dès l’échange de regard avec une belle dame, le défi commence : trouver l’amorce la plus fine pour déclencher sourire puis rires. Dérouler les plus jolis vocables pour les faire fondre. Toutes ne succombent pas, mais elles se souviennent longtemps du toupet de ce Don Juan.
Il nous confie un secret : « Quand on n’est pas très beau gosse, il faut compenser avec l’humour ». Voilà la clé ! Enfin il n’y a pas à broncher. Nicolas est plutôt bel homme, et il a un charisme de fou, doublé d’un sacré sens de l’humour.

L’humour et Nicolas
Parfois un peu lourd et gras son humour, mais on ne s’en lasse pas.
Nicolas aime à se faire remarquer et a un sacré sens de la comédie. D’ailleurs, aussitôt assis, il commence à imiter le duo Chevallier-Laspalès, avec la totale : intonations et bruitages. Nous regardons autour de nous, hum, heureusement, les gens sont cools ici !
Fiou… Difficile de garder son sérieux durant cette interview. Il n’en fait qu’à sa tête et au final, c’est bien notre interviewé qui nous drive ! Nous peinons à reprendre le dessus, tant les répliques des Tonton Flingueur fusent ce soir. Une mémoire d’éléphant et une sacrée culture, sous ses airs de gai luron un brin provoc’, il y en a dans cette caboche !

Les origines de Sonine
Flashback sur son enfance. Sonine de son vrai nom, à la Russe. Nous aurions envie d’ajouter Sonine le Magnifique, tant la personnalité de notre cobaye du soir semble flamboyante. Russe, polonais, italien et suisse par ses quatre grands parents. Quel doux mélange. On comprend mieux d’où vient le caractère à la fois explosif et tendre de ce dur à cuire, qui affectionne la provocation et ne mâche pas ses mots.
De ses origines exotiques et ses ancêtres explorateurs, Nicolas a gardé le goût du voyage mais a cependant toujours vécu en France. Au Plessis-Robinson plus précisément, dans la maison qu’il a ensuite rachetée pour y faire grandir sa famille.
« Je suis né en banlieue, j’ai grandi en banlieue mais j’ai le cœur parigot et je le revendique. »
Une enfance passée dans le sud de Paris donc, à une époque insouciante où il faisait bon vivre, à en croire notre interviewé. Une époque où les enfants s’amusaient avec quelques disques et un ballon, voire un vélo dans le meilleur des cas, et où les rues résonnaient de cris joyeux.

Coup de bouille de Nicolas
Digression et coup de gueule sur la paranoïa contemporaine et la surprotection ambiante. Aujourd’hui, les rues sont désertes, les mômes sont parqués chez eux, prisonniers de leurs gadgets technologiques. « Ne va pas dehors, c’est dangereux, il pourrait t’arriver du bonheur, fais gaffe. »
Nous sommes bien d’accord et nous nous prenons à rêver de ces années où le casque n’était obligatoire que sur route et non en ville…
Nicolas a beau être toujours animé de cet esprit libertaire et exaspéré par ces lois de plus en plus contraignantes, il reconnaît que les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 1970 et 2015, le nombre de morts sur la route est passé de 18 000 par an à 3 500. Economie de vies humaines non négligeable !

Une jeunesse bercée par l’histoire de la moto
Revenons aux jeunes années de Monsieur Sonina. Deux livres de chevet offerts par sa maman : « La Moto en dix leçons » et « La Moto », écrit par Christian Lacombe – qui deviendra son ami plus tard, lors des années chez Moto Journal.
Une jeunesse déjà baignée dans l’univers des deux-roues, vous l’aurez compris. Le vélo d’abord, pour explorer le voisinage, la mobylette ensuite, pour aller cascader dans les bois environnants… La moto enfin, inspirée par les copains de sa grande sœur, tous mordus de moteurs.
L’horizon de Nicolas s’étend donc proportionnellement aux cm3 de ses montures, la motorisation lui ouvrant tout de suite un espace de liberté incroyable.

Nous sommes dans les années 70 et c’est l’explosion des innovations japonaises. Via les petits amis de sa grande sœur, Nicolas verra passer sous ses yeux d’adolescents les modèles mythiques qui ont révolutionné le monde de la moto : Honda CB750 Four, Kawa 750H2, Kawa 900 Z1. Pour la première fois, les japonais faisaient des grosses cylindrées. Pour la première fois, ils faisaient des quatre temps, avec quatre cylindres, avec de vrais moteurs, des freins à disques, une vraie esthétique. Une révolution, on vous dit !
Les japonais sont arrivés dans le monde de la moto dans les années 60 avec de petites cylindrées, en copiant les américains. Commencent les championnats du monde, les hommes du Pays du Soleil Levant s’imprègnent de tout ce qu’ils voient, le digèrent et le transforment en engins plus performants que tout ce qui existe à l’époque. Ils expérimentent, testent, inventent, avec la rigueur et la culture de la valeur travail qui les caractérisent, jusqu’à créer des six cylindres.

Nous écoutons béates le cours d’histoire motocycliste dispensé entre deux bouchées de délicieux tartares aux parfums improbables (roquefort-miel, chèvre-pesto, ou encore le « Déchirator », gésier foie de volaille-lard).
Honda devient rapidement la marque la plus fiable du moment, alors que la sublime Norton Commando des mêmes années tombe en panne au bout de 3 000 kilomètres et marque son territoire dans votre garage avec des fuites d’huile récurrentes. Monsieur Honda n’hésitera pas à envoyer cent cinquante ingénieurs investiguer pendant les championnats. L’excellence japonaise dans toute sa splendeur.

Nicolas suit de près tous ces bouleversements mécaniques et fait très vite de la maxime « Homme libre, toujours la route tu chériras », son credo.
C’est en mobylette qu’il ira jusqu’au Pays de Galles. « Peu importe le temps passé, tu roules au rythme de ta pétrolette. »
En deux-roues, la notion de liberté est immédiate.

Sa carrière rocambolesque
Bon, c’est pas le tout, mais notre héros a déjà l’âge de quitter le lycée et il faut songer aux études. Nicolas voulait faire du dessin, « Je n’avais pas un bon coup de crayon, mais j’aimais ça ». C’est à la prestigieuse école Estienne qu’il effectuera l’essentiel de son parcours, avec un Bac Pro et un BTS Illustration et Industrie Graphique. C’est la première fois qu’il se sent bien à l’école et il s’éclate pendant six ans en navigant entre toutes les techniques accessibles : sérigraphie, offset, photo composition, reliure… On comprend mieux d’où vient l’attirance pour l’art et les références culturelles qui émaillent le discours de Nicolas.

Après l’école, un an d’armée, pas vraiment glorieux. On imagine bien ce qu’à pu donner la confrontation entre l’esprit affranchi de la recrue Sonina et la rigueur militaire, surtout s’il avait décidé d’arborer son t-shirt fétiche « Sexe, motocyclette et rock’n roll ». Le programme de base, en somme ! Mais qui n’a pas forcément du plaire à ses supérieurs…

C’est dans ces années-là que naît le projet de créer une revue, Nichons Magazine, au contenu hautement artistique !
Nicolas porte fièrement ses 22 ans et accoste les filles en boîte en leur proposant de poser pour la une de son magazine. On vous laisse imaginer la suite : soit la fille rigolait, soit c’était la tarte. Nico sourit en repensant à ces épisodes cocasses et cite Coluche : »si la fille rigolait, j’avais au moins une petite chance ». Séducteur un jour…
Note de la rédaction : En deux heures et demie d’interview, nous n’aurons pas réussi à savoir si c’était du lard ou du cochon cette histoire de Nichons Magazine, et comme nous ne croyons que ce que nous voyons, si l’un d’entre vous possède chez lui un exemplaire du mythique Nichon Magazine, nous sommes preneuses !

A l’époque, pas de chômage, nous sommes en 1983 et ce sont les maisons d’édition qui le démarchent suite aux annonces passées dans la presse. Encore une époque bénie où les candidats faisaient passer des entretiens aux entreprises intéressées par leur profil ! Nicolas se retrouve donc dans l’industrie du livre, en tant que cadre dans l’imprimerie et chef de fabrication. Rapidement, cela l’ennuie mortellement, mais il y trouve son compte : avoir des entrées pour les tirages en édition limitée de Nichons Mag…
Nicolas crée alors avec un copain une société de création graphique, « en dilettante », pour reprendre ses propres mots. Son ami le laisse tomber dès le début et Nico continue bon an, mal an, tout en commençant à piger dans la presse moto.

Sa passion devient son gagne-pain
C’est donc à ce moment que la moto va enfin rentrer dans sa vie de façon « officielle », jusqu’à en faire intégralement partie, puisque cette passion le fait vivre encore aujourd’hui. En 1985, Nico est embauché chez Moto Journal, avant Zef et même avant Laurent Cochet. C’est le commencement de quinze année idylliques, passées à faire ce qu’il adorait faire par-dessus tout : de la moto et de la photo. Nicolas nous confie que c’est toujours ce qui l’a guidé dans la vie. Suivre ses envies et son instinct. Nous opinons du chef et validons à 100% cette façon de mener sa barque !

Même en tant que journaliste, il arrive à faire passer son amour pour Audiard au travers des titres de ses articles. En témoigne ce récit du Moto Cross des Nations d’il y a quelques années, dont le titre était « Le Terminus des Prétentieux ». Clin d’œil culturel facétieux de Monsieur Sonina à ses lecteurs et récit amusé de Nicolas qui nous explique que les européens s’étaient ligués contre les américains…qui avaient malgré tout fini par gagner.

Autre coïcidence culturelle amusante : Nicolas rencontre Christian Debarre, alias Bar2, chez Moto Journal et devient protagoniste incognito du premier tome de Joe Bar Team. Nous apprenons que les anecdotes relatées dans la fameuse bande-dessinée sont directement inspirées des essais et scènes de vie chez Moto Journal !

Cela fait déjà une bonne heure que nous parlons trop sérieusement, c’est reparti pour une parenthèse tonton-esque et LA grande tirade du film culte de Nico : « Un bourre-pif en pleine paix ? Mais il est malade ce mec ! Et moi les malades, j’les soigne. J’vais lui montrer qui c’est Raoul. J’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère. Moi, quand on me cherche, on me trouve. Je discute pas moi, je ventile, je disperse, c’est dans les quatre coins de Paris qu’on va le retrouver, éparpillé façon puzzle. »
C’est qu’il a fallu le recadrer, Monsieur Sonina, pour réussir à obtenir quelques infos sur Iron Bikers. Emporté par les dialogues des Tontons Flingueurs, nous avons eu du mal à le ramener sur les rails de l’interview. Modeste, le créateur…

Sa famille
Nicolas part en 1999 de Moto Journal avec l’idée de changer de vie, fidèle à sa ligne de conduite lorsqu’une situation ne lui plaît plus. Le magazine a pris une orientation qui ne lui plaît pas vraiment et il réalise surtout qu’il a peur de ne pas voir grandir ses enfants. Il va avoir son deuxième môme, passe plus de trente week ends par an hors de chez lui, alors que sa famille prend la tournure qu’il a toujours ardemment souhaitée.

C’est qu’il est papa poule dans l’âme notre biker ! A toujours voulu s’occuper de ses enfants, les faire grandir. Nicolas nous confie avoir adoré l’attente de ses trois garçons ainsi que leur petite enfance…il aurait même rêvé qu’ils restent au stade de bébés.
« J’ai fait des enfants pour qu’ils deviennent des hommes, mais ça me fait chier qu’ils partent. Il y a une distance naturelle qui se fait avec ses enfants quand ils grandissent, mais cela fait mal. D’autant plus avec le dernier, parce que c’est le petit dernier…inconsciemment, on n’a pas envie qu’il grandisse. »

Il est temps de voler de ses propres ailes et de faire ce qui lui tient vraiment à coeur. Une année sabbatique passée à travailler pour le Stade de France lui permet dans un premier temps de mieux concilier sa vie de famille et ses aspirations professionnelles. C’est naturellement que Nicolas en vient ensuite à monter sa propre société d’événementiel : Nicson.

Iron Bikers
Il se lance alors corps et âme dans l’organisation d’événements tous plus variés et riches les uns que les autres : Free Style Moto Cross à Bercy, Super Motard, Stunt…C’est la manifestation Iron Bikers qui va véritablement propulser Nicolas au rang des personnalités qui font le monde de la moto néo-rétro, ancienne, vintage, artistique d’aujourd’hui. « Après la période films pour adultes, la période courses pour adultes. »

2010 est l’année de son premier événement sur le circuit Carole, Moto Fiesta, ancêtre d’Iron Bikers, une grande fête de la moto rassemblant des passionnés. Le week end se passe plus ou moins bien, mais Nicolas réalise que ce qui lui a le plus plu, ce sont les démos de motos anciennes faites avec ses copains pendant le week end. Le concept vient de germer dans son esprit.

La Coupe Moto Légende et le Trophée Jumeaux existaient déjà. La tendance du Café Racer n’était pas encore née et les préparateurs si courus à l’heure actuelle se comptaient sur les doigts d’une seule main. Nicolas décide de mixer la moto ancienne et le café racer contemporain. En parle à quelques amis, dont le Fat Club, Gérald Motos et imagine un mix improbable entre tous ces passionnés. Iron Bikers est né !
Iron Bikers, c’est en effet avant tout un esprit et un respect communs, mesurés à l’aune des heures passées dans les garages à trafiquer, améliorer, modifier les bêtes d’acier.

2011, première année, 120 engagés. Les balbutiements d’un succès qui ne se fait pas attendre.
Du bouche-à-oreille, le réseau, internet, des contacts…et du travail, beaucoup de travail, tout au long de l’année.
Nicolas gère tout, tout seul, hormis pendant les quelques jours de l’événement où il s’entoure d’une précieuse équipe de cinquante personnes, qu’il a à cœur d’impliquer et de valoriser. Il travaille de chez lui, d’où il tire à la perfection les ficelles des règlements, des comptes Facebook et des relations avec les partenaires. Et il n’hésite pas à demander longuement conseil à des amis très proches, Franck Chatokhine pour n’en citer qu’un.

Cinq ans plus tard, Iron Bikers est devenue une institution et un rendez-vous ultra attendu, aussi bien des participants que des spectateurs.
Le succès est tel qu’il a du cette année refuser une centaine de participants ! Un deuxième événement, Classic Machines, a ainsi été créé aux dates habituelles d’Iron Bikers (mi juin), donnant un nouveau souffle aux exposants qui le courtisent gentiment.
Cinq mille personnes sont attendues dès demain pour assister aux courses effrénées, admirer les stands des exposants, écouter la bonne rock’n roll miouzic et profiter des délicieux food trucks. Puisse la météo nous faire la faveur de son soleil !

Et après ?
Nicolas étant insatiable et visant toujours plus haut, il inaugure cette année un événement sacrément culotté, l’Oval Psycho Party, où chacun pourra s’adonner à la glisse et l’enduro sur une fantastique piste de speedway nichée au coeur de la Bourgogne. Les motos acceptées ? La sélection est « rigoureuse » : « motos de dirt vintage, flat track, short track, speedway, cross, enduro, trial. Ou pire, une sportive, un custom, un trail, un café racer, un roadster ou même un scooter. Ou mieux, tu as encore un bazoo dans ta cave…  »
Rendez-vous les 4 et 5 juillet prochains à Mâcon !

Nicolas c’est toute une histoire, et nous sommes loin d’en avoir fait le tour. En cette froide soirée du mois de mars, nous nous quittons le sourire aux lèvres, avec pour projet de regarder les Tontons Flingueurs ensemble la prochaine fois que l’on se verra.
Si vous voulez vous aussi le rencontrer et échanger une réplique d’Audiard ou chanter un morceau – car Nicolas manie ses cordes vocales à la perfection – parler bécanes évidemment, femmes, art, photo, et on en passe et des meilleurs, c’est CE weekend que ça se passe, au Circuit Carole !
En plus vous aurez la chance de croiser la fine équipe de Kiss’n Vroom, vous n’avez plus d’excuse !

En bonus, pour la fin, nos citations préférées de Nicolas :
« Etre con est un don, faire le con est un art »
« Un don sans travail n’est qu’une seule manie » (Georges Brassens)

Photos : Cam