Inside Iron Bikers...

Inside Iron Bikers…

Une première pour moi cet Iron Bikers ! Menfin, c’est pas comme si on ne m’avait pas rabattu les oreilles avec cet event. Six mois au moins que j’y suis préparée ! Il faut dire que cette 5ème édition a encore une fois mis en lumière de spectaculaires motos de caractère, vraies anciennes, néo rétro ou préparées avec goût.
A la tête de l’organisation, le charismatique Nicolas Sonina qui orchestre d’une main de maître ce weekend marathon.
Des milliers de spectateurs, dizaines de préparateurs, constructeurs, accessoiristes, une poignée de surprises, un concert étonnant et bien évidemment des motos qui s’élancent, foncent, brutalisent l’asphalte du mythique Circuit Carole ! Plus de 350 motos ont roulé, par catégorie, et ont comblé amateurs, passionné, férus de beauté, moteurs et pilotes…
C’est justement cette vue de l’intérieur que nous avons choisi de vous dévoiler…

Attention, vous êtes prêts pour découvrir les coulisses ? C’est parti.
Tout commence samedi matin. Lever aux aurores, destination la célèbre Concession Tendance Roasdter pour retrouver la « team » Royal Enfield et participer au chargement des motos.
Il est 8h, les plus fringants clients sont déjà là, équipés, la moto étincelante comme leurs pupilles. Il y a déjà une atmosphère particulière, que je vais tenter de vous décrire : la torpeur de l’aube est encore présente, mais il y a une excitation palpable. Je propose des cafés et les langues se délient. « Je n’ai jamais fait de circuit », « C’est ma première fois », « Cela fait 10 ans que je n’ai plus enfilé ma combi », suivis d’une élocution récurrente qui sera le point d’orgue de toutes les conversations en ce début de weekend, « Pourvu que la météo se soit trompée et qu’il ne pleuve pas! »
Pas gagné, nous le verrons par la suite.
Un des mécanos de la concession, Rémi, se démène déjà comme un beau diable. Doté d’une carrure de déménageur, ce « Bon Rémi » – comme aime à l’appeler son boss Guillaume – a une vraie gueule d’ange blond. La douceur et la gentillesse incarnées, mais attention, ne vous fiez pas à son côté nounours, il sait parfaitement où il va et rien n’arrête sa lancée ! Ce matin-là, il ne fait qu’une bouchée du frigo à charger et des motos à déplacer. Aucune charge ou force ne lui résiste. Et avec le sourire. Impressionnant je vous dis ce Rémi 🙂

Je me vois proposer de conduire le camion. Oui oui oui ! Il est vrai que je me sens encore trop engourdie pour me faire un direct moto Levallois-Villepinte en ce frais samedi. C’est donc avec exaltation que je m’engouffre dans ce beau camion chaud et musical. En son ventre, une Mash Cafe Racer bleu et blanche à la bouille très mignonne – et une Royal Enfield Continental GT Vitesse. Le reste du camion est jonché du matériel annexe : kakémonos, affiches, affaires personnelles des bikers, tentes, bref tout l’attirail pour passer les prochaines 36 heures sur un paddock.

Nous arrivons au Circuit. Je suis déjà venue ici par le passé, dans le cadre des Trophées Jumeaux, et aussi parce que j’ai écumé de longues heures de plateau ! Eh oui, c’est à la suite d’un stage d’une semaine chez Zebra que j’ai obtenu mon permis moto, il y a 3 ans et demi.
Le temps est plutôt clément. Comme annoncé, pas de franc soleil, mais une douceur et quelques éclaircies au programme de la matinée. Motos, camion, pilotes et supporters nous installons dans ce qui va être notre maison pour ces deux jours. Les exposants alentours s’agitent de même, d’autant plus que les premiers roulages démarrent avant 10h ! Il faut faire vite. Aménager les chapiteaux, présenter les motos de manière harmonieuse, mais avant cela, se précipiter pour le contrôle technique !
J’enfourche ma Royal Enfield et la démarre, le visage au vent, pour les quelques mètres qui me séparent du stand de vérif technique. « Le caaaaaaasque !!! », entends-je sur mon passage. « On éteint son moteur si vous ne portez pas de casque ! » Oh la la… La FFMC veille. Chargée de l’accueil et garante de la sécurité sur l’évènement, elle n’aura de cesse de faire du zèle ce weekend.
Et puis franchement, la poussette, c’est pas vraiment mon fort, surtout lorsque 50 kilos essaient d’en déplacer 160. Bref, ok on a voulu la parité, on l’a. Mais à quel prix parfois !
Vérification des clignos scotchés et d’autres détails mécaniques plus tard, je reviens donc au stand Tendance Roadster, bredouille, le moteur silencieux, à califourchon et en rampant sur une moto qui semble être un âne mort. Grrrr, je ronchonne. Mais pourquoi suis-je souvent une bonne élève obéissante aussi ?…
Il est 11h, les portes s’ouvrent au public. Je n’ai même pas eu le temps d’aller faire le tour du pâté de stands, tellement il y a une sacrée animation ici. Les clients de Tendance Roadster sont vraiment sympathiques, y a pas à broncher.

Et tandis que je commence à me laisser aller à l’ambiance paddocks, en me fondant dans le décor des blagues et autres élucubrations mécaniques, qui voit-on débouler ? Pierre, Sophie et Fred. Pas motards pour un sou concernant les deux premiers, mais fins palais et divins gourmets !
Quelle ne fût pas notre surprise de les voir installer pierrade géante et victuailles en pagaille, aië-aië-aië ! Délicieux dîner en perspective.
En attendant les préparations pour le soir, nous optons pour les food-trucks avoisinant, confectionnant de généreux burgers, parfaitement déraisonnables et difficilement assimilables avant une session de piste ! Je décide d’en laisser la moitié…

Bientôt 14h. Dans 30 minutes, la première fournée de motos va s’ébrouer dans la pré-grille.
Mais attention, on n’y va pas quand on l’a décidé. Avant, c’est un tout un programme. Revêtir l’armure… J’ai investi dans un pantalon en cuir, et pas une combi, ce qui, je vous le dis, est tout de même nettement plus pratique. Bon, le tortillement dans tous les sens est requis, mais n’a rien à voir avec celui d’une intégrale combi ! On se sent tout de même étriqué là-dedans et surtout, ainsi vêtue, on se métamorphose. Il semble que j’ai quelque chose entre les jambes qui m’empêche de marcher normalement… Mayday Mayday ! Sors de ce corps, cowboy ! Une vraie dégaine d’homme m’habite. Je m’empresse de monter sur mon destrier pour retrouver ma féminité.
Nous avançons avec attention vers la pré-grille, sas de départ des monstres. De longues minutes s’écoulent alors. Longues car à ce moment-précis, plusieurs choses vous envahissent. Les gaz d’échappement déjà, qui pénètrent chaque pore de votre peau laissée à découvert – comme une partie du visage, libérée par la visière entrouverte. Les yeux de vos confrères ensuite, perçants et empreints de mystère. Cela ne sert à rien de sourire sous le casque, on ne le voit pas et cela fait mal à la mâchoire. Alors, on adopte une expression neutre, ni antipathique ni trop enjouée. Le regard s’en trouve plutôt dur, noir, sévère. Il y a comme une espère de défiance qui s’installe durant ce laps de temps, juste avant le lâcher des lions.
Car on n’est pas là pour rigoler quand même, on a un honneur à sauver, une réputation à créer ou pérenniser.

Vavavroooooom ! Les fauves sont libérés sur le circuit. La sagesse veut que le premier tour soit appréhendé tranquillement, afin de bien chauffer les pneus. Mais il suffit d’un téméraire qui imprime un rythme impertinent pour que ses challengers le suivent sans aucune crainte.
Plusieurs groupes se forment alors. Les nuées restent souvent les mêmes, selon la puissance des motos et le talent des pilotes. Je connais mes forces : amorcer les virages rapidement sans avoir peur de pencher la moto. Mes faiblesses ? Je freine trop tôt, je ne déhanche pas assez, et j’ai peur de la chute.
Le résultat est que je m’en tire plutôt pas mal sur ce circuit pas très rapide de Carole, avec des amateurs pour qui l’expérience est souvent exceptionnelle.

Avec Aurélie en revanche c’est une autre paire de manche. Ma blondie arpente les circuits une dizaine de weekends par an, et elle est douée, en plus d’être entraînée. Sans compter qu’elle est une nana, blonde, et on est copines. Je ne vous dis pas la pression ! Enfin surtout moi, mais forcément, elle non plus ne lâche pas le morceau, elle a des temps à tenir ma Lili. Bref, je lui ai quand même mis une (petite) raclée, lui faisant plus d' »inter » et d' »exter » qu’elle, et na ! En se dépassant l’une et l’autre, on ne pouvait s’empêcher de se faire des petits signes de salutation, on reste des femmes distinguées que voulez-vous ! Je ne la ramène pas trop, car un, elle était sur une Continental GT un peu moins puissante que ma Bullet préparée, et deux, on parle de 35 chevaux… Sur sa Panigale 899 qu’elle dompte à la perfection, je doute faire le poids, même avec mon Monster 1100… Rendez-vous le 24 juillet prochain pour un nouveau battle ma biche Lili !
En tout cas, de retour à notre stand, après vingt minutes de concentration intense et d’effort physique, quel bonheur ! L’adrénaline est encore présente, la libération d’endorphine fait son job… Et une bouffée de plaisir nous envahit.

La journée suit son cours, bercée par les départs en fanfare des deux-temps, quatre-temps, anciennes, Café racer, motos de course des années 50, préparations en tous genres… et la ronde des people, exposants enjoués, spectateurs ébahis et détendus. Et puis le soleil fait quelques apparitions, ce qui permet à tous de profiter pleinement de cette folle journée.

Cam est arrivée, appareil au poing, le pas décidé. Il est temps de shooter, capter les sourires, intercepter les interactions… et faire des rencontres. Elle revient vers moi, le sourire vissé aux lèvres : elle a repéré le stand de All You Need is Ride, il faut absolument qu’on aille se présenter à Adrien !
Plutôt deux fois qu’une ! Il faut dire que nous avons eu l’immense honneur et joie de faire partie de son dernier Fanzine, faisant la part belle à notre blog. Un prochain Nice People sur Adrien sera incontournable ! Et si pour cela il nous faut faire un saut à Salon de Provence, nous ne nous ferons pas prier !

La lumière décline, une dernière session de piste nous attend, je reprends ma Royal Enfield pour cet ultime round. Même cinéma, enfilage combi, pré-grille, courses avec les copains… et là, c’est presque le drame. En sortie de virage, j’accélère progressivement et je sens ma moto qui part littéralement en vrille ! Elle tremble, perd l’arrière, l’avant, perd son adhérence en somme. Et cette sensation est très déroutante. Car pour faire de la piste, il faut avoir confiance en soi, en ses capacités de pilotage, en son regard, et confiance en sa machine, ses pneus, ses freins… La sentir bien ancrée dans le sol, qui accroche chaque millimètre parcouru, procure des sensations vraiment rassurantes et excitantes à la fois.

Iron Bikers 2015 – Quand la moto se cabre ! from Kiss’n Vroom on Vimeo.

Mais être sur un cheval devenu fou, qui se cabre et semble vouloir vous faire chuter, est tellement perturbant. Surtout que cela ne dure qu’une fraction de seconde, et qu’à ce moment-là il faut réagir, mais comment ? J’ai choisi de me redresser et évidemment lâcher les gaz, ce qui m’a permis de rester bien en selle, ouf ! La bonne dose de frayeur ? Je l’ai eue, mais décide malgré tout de tenir bon, persuadée d’une erreur de pilotage. J’ai sans doute accéléré trop tôt, la moto était encore sur l’angle…
Le drapeau damier s’agite, il est temps de rentrer au bercail. Heureuse d’avoir évité la chute, je me languis de descendre de ma belle rebelle pour engloutir une madeleine. Ca creuse la piste !

Je croise le regard de mes acolytes, et quand je remarque leur yeux descendre le long de ma moto, je réalise à mon tour : la roue arrière est entièrement tapissée d’huile, des jantes au pneu. Je comprends mieux ma chute avortée ! On me demande avec effarement comment j’ai fait pour rester sur mes roues, je n’en sais fichtrement rien ! Mais en tout cas, je bénis le ciel nuageux de m’avoir épargnée une belle glissade ce jour-là… La qualité de mes pneus Avon Roadrider y a sans doute beaucoup joué aussi…

Je taquine mon concessionnaire et le tanne jusqu’au verdict lapidaire : un « trop-plein d’huile ». Hum, hum, oui, mais encore ? Bon il semblerait que ce ne soit pas très grave, et que sur circuit il faut parfois baisser sensiblement le niveau d’huile, ce qui n’a pas été le cas cqfd…
Je ne vous épargne pas le détail de pro lors de la session suivante : une canette de coca placée vers le moteur pour récupérer ce fameux trop-plein…

Verdict roulage de notre team ce weekend durant ? Des sensations très fortes, des moments de partage et solidarité intenses, beaucoup de rires et d’amusement… et quelques chutes ! Heureusement, seule la ferraille a été touchée, sans bobos à déplorer !

Réconfort culinaire et alcoolisé exigé maintenant. Une gigantesque Terrine maison nous attend pour commencer, avec cubis rosé ou rouge, au choix. Mais c’est sans compter ma belle acolyte de roulage Lili, qui invite discrètement les nanas présentes pour un contre-apéro girly, à fleur de remorque. Champagne rosé servi dans des coupes roses, avec amuse-bouches végétariens et croquants à souhait ! Victoire, Cam et moi nous délectons de la générosité de notre super-woman !

Retour au barbec’. C’est au tour des boudins et ailes de poulets de passer sur la plaque, en plus des pommes de terre déjà bien rissolées ! Le parfum s’engouffre dans nos narines pour un plaisir ultime!
Les passants s’arrêtent, les yeux pétillants d’envie. Est-ce dû aux fameuses motos de notre stand ou à l’exquise pierrade fumante de Pierre ? On se le demande 🙂

Les spectateurs se dispersent, rentrent chez eux, tandis que les exposants et bikers se détendent dans les paddocks. La nuit approche, et après une douce soirée toujours sous un temps plaisant, chacun regagne son hôtel, le camping-car, sa tente ou son camion.
C’est cette dernière option que nous avons choisie, pour vivre pleinement l’ambiance, au plus près des étoiles !
Je classerais cette nuit-là dans mon top 10 des pires de ma vie 🙂 Un duvet mi-saison n’aura pas suffit à me réchauffer tandis que le plancher du camion me laisse encore quelques ecchymoses…
Mais qu’importe, après tout nous serons les premiers éveillés, levés, au garde-à-vous pour cette nouvelle journée. Cette dernière ne sera pas aussi agréable que la veille, essentiellement à cause de la pluie qui nous a vite rattrapés. Et la moto dans ces conditions, qui plus est sur piste, n’attire guère les foules.

C’est alors qu’à mi-journée, quelques notes entraînantes viennent interrompre notre léthargie. Nos oreilles nous guident vers un attroupement qui laisse présager un bon moment. Waou ! C’est un groupe qui allume le feu au son de reprises rockabilly. Et qui est le pianiste chanteur vedette ? Rockin’Raffi, fan de rock et d’Elvis qui du haut de ses 13 ans, laisse pantois quiconque se trouve sur son passage.
Quelle énergie, et quel sens du show ! Mieux que des mots, quelques photos :

Iron Bikers 2015 – Rockin’Raffi from Kiss’n Vroom on Vimeo.

Finalement, la dernière session de roulage n’ayant pas eu lieu pour la majorité d’entre nous, le weekend s’achève pluvieusement et un peu tristement. Nous quittons Carole épuisés, repus et heureux. Iron Bikers aura été un fabuleux mélange de fascination, sensations, émotions, passion.
Et définitivement, ce merveilleux évènement initié par Nicolas Sonina lance la saison 2015.
On attend maintenant que le soleil prenne enfin ses aises ! A nous les arabesques des routes de province, les duo-runs des stages de perfectionnement sur circuit, les baladounettes intra-muros pour bruncher ou prendre un cocktail… Sans oublier les ronronnements de plaisir au quotidien, avec le sacro-saint moto-boulot-dodo !

Et on en veut encore des évènements comme celui-ci Nicolas ! Rendez-vous les 13 et 14 juin prochains pour une réplique d’IronBiker, Classic Machines, les 20 et 21 juin, au Cafe Racer Festival avec notre catégorie filles (pré-incriptions sur l’évènement Facebook) , et les 4 et 5 juillet pour un weekend déjanté bourguignon.

Photos : Cam & Clara